Royal Affair par Charles Dubois

Dans un écrin de toute beauté, Nikolaj Arcel livre une histoire d'amour émouvante, portée par deux comédiens à l'étonnante mais puissante alchimie.

Mais ce qui passionne d'autant plus dans cette "affaire royale", c'est bien la toile de fond historique qui, dans une seconde moitié, passe au premier plan et raconte au public une période décisive pour l'histoire danoise, certes, mais aussi mondiale. Avec l'arrivée du docteur Struensee à la cour royale, c'est l'entrée du mouvement des Lumières et de ses idées progressistes et libérales. Dur de croire que c'est une histoire vraie, évidemment quelque peu romancée pour les besoins du grand écran, tant dans une courte période se bousculent des événements importants et se succèdent les mini-révolutions vers une évolution plus humaniste de la politique dans son ensemble.
Madds Mikkelsen est très convaincant en Raspoutine danois, tout autant touchant dans sa relation avec la reine (délicate Alicia Vikander dans un rôle pas évident) que troublant dans son étrange double jeu et amitié intéressée avec le roi.

Entre jeux de manipulations (de la Cour et du peuple), tromperies, amour passionnel et réflexion sur la destinée confrontée au désir de liberté qui, une fois goûtée, demeure la seule guide, Royal Affair est un beau film dense qui évite le pathos (bien que sa dernière demie heure soit parfois un peu trop lyrique) et raconte avec densité mais grande fluidité un épisode historique particulièrement passionnant.