RRR
7.7
RRR

Film de S.S. Rajamouli (2022)

Bon, j'ai toujours considéré le cinéma curry comme un répertoire de nanars savoureux, dont le dernier en date était Baaghi 3 (j'ai fait le sous titre français, allez-y, c'est du bon). Un cinéma excessif et joyeux, sincère et conscient de ses qualités et défauts, ce qui le rendait de plus en plus sympathique. Avec celui ci, on bascule dans le sérieux, et cela est d'autant plus inattendu qu'il ne renie aucun des aspects du cinéma indien qui pourtant le condamnait à la nanardise.


RRR est un nanar qui est un bon film. Il contient tout l'excès qui suscite le rire (du ridicule) inhérent au cinéma indien, mais il contient la charge émotionnelle nécessaire pour qu'on s'attache aux enjeux et aux personnages, et il a basé son intrigue autour de valeurs universelles qui résonnent aujourd'hui dans nos petits coeurs occidentaux : le patriotisme. Sincèrement, ce n'est pas un gros mot ici, on se sent patriote face à l'envahisseur occidental blanc (mais ce sont de sales anglais, donc en tant que français, on cautionne) et on aime voir ces tamuls virils humilier les roastbeefs sur le dance floor et leur maraver la gueule à coup de motos (véridique, ce film étant basé sur des faits réels, je suis certain que la baston avec des motos est fondée).


3 heures, c'est long, et pourtant c'est si divertissant et généreux qu'on en a trop. Même Michael Bay aurait du mal à suivre. Quelques intrigues simples, un anglais sadique et quelques séquences émotionnelles utilisant davantage de violence qu'à l'accoutumée, et voilà un film fendard qui se permet de rebattre les cartes après 2 heures de reconstitution historique pyrotechnique, avec une petite ouverture au dialogue et une grosse propension à bourrer des pifs avec du symbolisme brûlant ou qui mouille... L'ouverture au cinéma occidental est évidente au vu de la rigueur d'écriture qui n'oublie jamais de graver son message dans l'identité du film, la conservant même au coeur de ses chansons, et parvenant ainsi à obtenir ce que tant de films peinaient à avoir : la cohérence, tant au niveau social qu'émotionnel.


En tant que cinéma d'action, ca offre du jamais vu (Rambo et son arc de tafiole font pâle figure). En tant que cinéma national, on partage la quête de liberté du peuple indien. En tant que cinéma populaire, on s'immerge dans la quête de justice et d'un retour à l'équilibre. RRR, c'est tout ça, et on n'en attendait pas tant. Probablement l'aura du Braveheart indien, et rien de moins... qu'un Intouchable. ;)

Voracinéphile
8
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le 19 août 2022

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