Tenant, par moment, du 300 de Zack Snyder, des comédies romantiques US et des dramas turcs, le tout, sans jamais perdre son essence bollywoodienne, RRR se présente comme un véritable cocktail.
Mais est-il rafraîchissant ?
L’histoire nous entraîne dans une Inde coloniale sous le joug britannique, où l'oppression est palpable et la révolte inévitable. Le scénario s’amuse à redessiner les frontières de la réalité historique pour nous offrir une fiction où deux révolutionnaires indiens, Alluri Sitarama Raju (Ram) et Komaram Bheem (Akhtar/Bheem), se rencontrent et s'allient pour sauver une fillette, Malli et orchestrer une rébellion d’envergure.
Les temps forts parviennent plutôt bien à gagner l'empathie du spectateur et les violences coloniales sont dépeinte sans détour. S'il est clair, par contre, que l'on ne peut pas parler de complexité des personnages (lesquels sont donc simples et nettement tranchés), RRR parvient à laisser un petit espace à de la complication qui permet à un scénario déjà assez téléphoné, de ne pas tomber dans un manichéisme trop grotesque. Ainsi, on découvre les prémices d'un amour interdit entre une jeune Anglaise fortunée et un Indien pauvre, un individu qui semble être du côté des Britanniques avant de révéler une cause bien plus profonde, etc.
Cependant, malgré ses qualités indéniables, RRR souffre d’un rythme inégal. Avec sa durée de 3 heures 11, ce (très) long métrage est une épopée qui, malheureusement, s’étire bien souvent au-delà du nécessaire. Certaines scènes, bien que visuellement distrayante, n’ajoutent rien à la progression narrative ni à la profondeur des personnages. L’action est omniprésente, certes, mais aurait gagné à être plus mesurée pour éviter la saturation. Paradoxalement, d’autres moments cruciaux, comme la naissance de l’amitié entre Ram et Bheem sont trop rapidement pliés, donnant l’impression que leur connexion fraternelle est immédiate (et donc totalement irréaliste), alors que les deux hommes n'ont, pour ainsi dire, rien en commun.
C’est seulement après la deuxième heure que le film devient intéressant, avec une tension dramatique enfin captivante. Soit, déjà, après 2/3 de l'œuvre, ce qui laisse à penser qu’une coupe plus franchement aurait permis de resserrer l’intrigue et de maintenir l’engagement du spectateur dès les premières minutes.
Sur le plan visuel, RRR est un spectacle à part entière. Le budget très respectable de 74 millions de dollars (soit, à titre de comparaison, 10 millions de plus que Fight Club, 4 de plus que Matrix et 44 de plus que La La Land) se reflète plutôt bien. L’usage délibérément exagéré de la 3D et d'effets spéciaux est, par ailleurs, loin d’être une simple démonstration de moyens : elle semble être un clin d’œil aux références du genre Bollywood, où le spectaculaire en la matière est monnaie courante.
RRR est donc une œuvre intéressante, particulièrement pour les fans du genre. Le film marie, avec audace, des influences diverses pour livrer un film aussi épique qu'éclectique et si sa longueur et ses quelques maladresses peuvent décourager, sa force réside dans son énergie débordante, sa richesse visuelle, son engagement émotionnel... et bien sûr, politique. C’est un film actuel qui, à l’image de ses héros, n’a pas peur de se dresser, se montrer flamboyant et de se révolter contre les attentes pour offrir une expérience particulière.
A voir, donc !
Maintenant, est-ce un film qui se revoit? Je n'irai pas jusque là...