Etonnant que je ne connaisse pas ce film. Je ne l'avais bel et bien jamais vu jusque là et c'est une agréable découverte sur bien des aspects.

Point dans le jeu ou le type de personnage que joue Gabin, c'est du Gabin tout craché, un personnage massue et simple à la fois, direct, un héros de bonnes gens, une sympathique grande gueule avec les pieds sur terre, un prolo qui ne travaille pas trop du ciboulot, jusqu'au jour où les emmerdes deviennent trop voyantes et où son petit monde semble s'écrouler. Dans le larmoyant on peut faire mieux, le scénario chargeant quelque peu la mule. La fin à ce titre n'est pas des plus raffinées. Mais disons qu'on est entre gens du peuple et l'émotion vient des tripes. En tant que jeune beau-papa, cette histoire d'enfant "adopté" dans tous les sens du terme est allée me chercher du côté lacrimal avec facilité il est vrai. L'histoire me touche, sans murmure mais bien fort dans le creux de l'oreille.

Gabin fait son Gabin, aidé par l'ami Audiard qui nous pond encore une fois quelques jolis morceaux de bravoure. Et j'aime ça et en redemande. Ce style inimitable, d'autres s'y essayent encore en vain, donne le ton juste à un récit qui ne manque pas de pittoresque historique avec les eaux qui sont passées sous les ponts. Un Paris qui n'existe pas, des paysages oubliés, des comportements désuets, des manières d'être, de s'exprimer qui semblent bien étranges, des relations humaines paraissant antédiluviennes parfois et c'est bon d'être spectateur de ce temps que les moins de 50 ans ne peuvent pas connaître. L'impression d'être témoin d'une histoire du quotidien avec le plaisir de se faire présenter avec élégance et maîtrise une histoire grace à un scénario crescendo et des dialogues qui donnent dans la culture populaire et par moments dans le merveilleux.

Et toujours ces bizarres plaisirs de découvrir des acteurs qu'on a plus connu rondouillards, flasques ou ridés dans leur peau de jeunesse. Roger Dumas en délinquant juvénile, c'est déjà en soi un drôle de spectacle. Et que dire de la pétillante et bien roulée Marie-José Nat avec sa voix déjà enrouée et sensuelle.

Denys de la Patellière comme à son habitude se met complètement aux services du texte et des acteurs, la star Gabin en tête avec une réalisation classique, sans effets, tout entière effacée pour que les acteurs puissent faire leurs numéros.
Alligator
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le 15 févr. 2013

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Alligator

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