Aigreurs.

Mais qu’est-ce que cette chose faisait en sélection officielle du Festival de Cannes cette année? Certes hors compétition mais quand même. Franchement, outre son casting prestigieux et forcément hétéroclite promettant une belle montée des marches, on ne voit pas! Pourtant les prémisses étaient très prometteuses et se dotaient d’un potentiel rare et inédit puisqu’on entre de plein pied dans un sommet du G7 et de l’intimité des dirigeants des plus grands démocraties et puissances économiques de ce monde. Sauf que le trio de cinéastes (oui ils étaient trois pour écrire et mettre en scène ce drôle de machin ni fait ni à faire) a choisi le bizarre, le décalé, l’absurde et le fantastique... Donc certes c’est peu commun mais il faut avouer que l’on peut trouver cela très frustrant lorsqu’on soupçonne le potentiel d’un film prenant comme contexte ledit sommet et surtout au vu des nombreux développements sociétaux, géopolitiques et humains auxquels il pouvait prétendre. Passé la déception, on peut se dire que cela pourra peut-être s’avérer gratifiant en plus d’être original. Cependant, nos espoirs vont vite être remisés au placard et on regrette donc bien qu’un long-métrage s’immisçant dans les coulisses politiques de ce monde de manière réaliste, que ce soit en mode thriller ou drame voire les deux, ne soit pas ce « Rumeurs ». Et de loin! Et, au final, le seul réconfort de cet objet filmique non identifié proviendra de son casting qui, semble-t-il, s’en donne à cœur joie. Et prend bien plus de plaisir que nous. On leur accordera au moins deux trois sourires au détour de quelques moments brièvement amusants.

Certains vont dire que le long-métrage est bardé d’une symbolique forte. D’autres que c’est une parabole sur notre monde. Et les derniers que c’est une satire féroce de la politique mondiale. Quand les plus positifs et idéalistes y verront une ode à l’union des nations. Mais on peut aussi n’y voir rien d’autre qu’un fatras abscons et nébuleux dont les significations demeureront uniquement connues et comprises de leurs auteurs qui semblent se régaler de leur vaste blague tandis qu’on pourrait même les trouver chauvins vu la place iconoclaste prise par le pays à la feuille d’érable dans le récit de « Rumours », sachant que le film est canadien. Même le premier tiers est futile et superficiel quand l’étrange n’est pas encore là. À aucun moment, le script ne leur fait avoir des échanges intéressants sur notre monde et la direction qu’il prend. Les sous-intrigues semblent toutes sorties d’une mauvaise sitcom et certains gags sont d’une lourdeur rare. Et quand débarque le côté apocalyptique ou horrifique, ça n’a ni queue ni tête! Quant au visuel, il est moche au possible, tous ces grands acteurs semblant évoluer dans des décors en carton-pâte. D’ailleurs, hormis le casting, on se demande quel est le budget de ce film avec ces trois pauvres décors et ses effets cheap. Alors hormis pour les inconditionnels de ces comédiens ou se faire un ciné d’auteur foireux sous champis, passez votre chemin. Et, encore une fois, qu’avait bien pu prendre Thierry Frémeaux quand il a décidé de prendre le film en sélection! Probablement censé prodiguer un moment de détente aux festivaliers, il a surtout dû les rendre dubitatifs! On préfèrera (et de loin) dans le genre, le cinéma de Dupieux que ce drôle d’objet à la frontière de l’expérimental.

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