Un pneu, beaucoup, passionnément.
La F1, je maitrise à peu près autant que les règles du Camoulox.
Les films de compétition, généralement, j’évite avec autant d’adresse que Lauda slalome entre les carcasses de bagnoles accidentées.
Devant la pluie d’éloge faite à ce film, j’ai voulu me faire une idée, quitte à m’ennuyer comme un enfant un dimanche après-midi où l’oncle Gérard veut regarder le Grand Prix sur TF1.
L’avantage, c’est que je ne connaissais donc pas l’intrigue à l’avance.
Si l’on met de côté les tics inévitables de ce genre de film (la surenchère croissante des courses, le faux suspense et les flashbacks qui indiquent aux abrutis les motivations profondes des messieurs à casques, et la musique, pompière comme un 11 septembre), il faut lui reconnaitre de nombreuses qualités. Le choix du sujet est intéressant, la caractérisation des personnages et partant, de deux approches de la compétition (l’une morale et austère, l’autre glamour et au service de la gloire) bien traitée, permettant de sortir de la pénible linéarité souvent inhérente au registre.
Enfin, la mise en scène des courses est une véritable réussite : chaque compétition, dans un nouveau pays, occasionne un nouveau tableau par un travail sur la lumière ou le climat. Ce jeu de variations sur un canevas somme toute étique (« Mc Laren double Ferrari, ah non, attendez, Ferrari revient en tête ») renouvelle constamment l’intérêt du spectateur et permet à Ron Howard de prouver qu’avec un véritable sujet, il peut passer pour un cinéaste.
Sur ce seul point, et avec des handicaps comme les derniers Dan Brown qui ne lui garantissaient pas la pole position, on peut dire qu’il atteint le podium.