Un film qui s’avère être une bouffée d’oxygène. Partant sur une intrigue très simple d’un triangle amoureux, ce qui fait la saveur si particulière de ce film ce sont les personnages et la dynamique entre eux. Car en cassant les modèle du genre, Wes Anderson propose là une histoire au final touchante parce qu’authentique. En revenant aux sources de la comédie romantique, ou plus exactement de ce qui fait la romance, mais aussi de l’amitié, l’intrigue nous propose une histoire qui nous touche tous d’une façon ou d’une autre. Parce que l’association des personnages est improbable, mais aussi parce que leurs comportements et leur dynamique ne sont pas ceux à quoi nous sommes habitués, le film met en place une véritable pièce de théâtre (mise en abîme, bonjour !) sur ce qu’est la vie, mais aussi le regard que peut porter notre société. Et c’est ce qui en fait une intrigue si rafraîchissante. Alors certes, le film en devient prévisible, et il peut avoir des maladresses ici et là en gardant certains aspects sous-entendus ; mais dans l’ensemble, ça fonctionne à merveille. On reconnaît la patte d’Anderson dans cette façon d’approcher la romance et l’adolescence, mais aussi la comédie, où les gags ne sont pas superflus mais plutôt parfaitement dosés et rythmés.
Le casting est dans l’ensemble plutôt bon. Le trio Jason Schwartzman, Bill Murray, et Olivia Williams fonctionnera à merveille, avec une alchimie plutôt inattendue qui se met en place. Mais là encore, c’est parce qu’on n’associerait pas habituellement ce genre de personnages que ça fonctionne aussi bien, chacun portant l’autre. Il y a également le jeune Mason Gamble qui proposera un jeu plutôt chouette, et j’ai bien aimé aussi ce que propose Stephen McCole. Techniquement, il s’agit là de son deuxième long-métrage et on reconnaît la patte de Wes Anderson dans les dix premières secondes. La musique de Mark Mothersbaugh sera un petit régal pour les oreilles, qui s’accordera parfaitement avec l’univers d’Anderson, tandis que la réalisation débordera d’idées de mise en scène plus savoureuses les unes que les autres. Cette fois-ci, on sent la complète maîtrise du mélange entre l’intrigue, les personnages et les décors (superbes). Et puis le design sonore aussi, qui n’est peut-être pas révolutionnaire mais utilisé à merveille pour renforcer l’effet comique de situation. Du vrai théâtre !
Bref, Rushmore s’avère donc un film déjà beaucoup plus mature dans l’ensemble, plus accompli également, que Tête brûlée. À cela s’ajoute une histoire profonde et passionnante qui prodiguera un véritable bol d’oxygène.