Alors que Francis Ford Coppola va bientôt sortir son prochain film, intitulé Youth without Youth, après près d'une décennie de silence, remontons quelque peu le temps pour revenir à une époque où Coppola n'avait pas sombré dans la réalisation de mauvais films. En 1983, il a même mis en scène une oeuvre marquante, nettement plus méconnue du grand public que la trilogie du Parrain ou encore d'Apocalypse Now, j'ai nommé Rusty James.
Il semble loin ce temps où Coppola démontrait tout sa virtuosité derrière une caméra. C'est le cas avec ce film où, outre une utilisation magnfique du noir et blanc à une époque où il n'a plus vraiment sa place, il s'en sert à merveilles pour créer des plans avec une profondeur de champs tout bonnement remarquable. Mais aussi une utilisation des ombres d'une manière parfaite. De plus, dans l'ensemble, on obtient une réalisation qui frôle parfois la poésie, essentiellement quand l'âme de Rusty James quitte son corps et qu'il vole un peu partout dans la ville. Enfin, avec les évolutions technologiques, le film connaît quelques touches de couleurs mais uniquement à certains moments. Quand on voit des poissons. Mais pas n'importe lesquels. Les combattants ou en anglais, les rumble fish. Un titre qui correspond parfaitement à l'image que renvoie les deux jeunes rôles principaux du film. Bref, Coppola démontre une fois de plus qu'il manie comme un maître une caméra.
Mais si la forme est présente, il serait dommage que le fond ne connaisse pas le même sort. Fort heureusement, le scénario est abouti. Coppola parle ici de la jeunesse, de l'adolescence. Et de la place de celle-ci dans une société à un moment difficile de la vie. Le réalisateur ne cherche pas à faire un film pour adolescents comme on l'a connu et on le connaît actuellement mais préfère en parler. C'est une période où la personne se cherche. de la même manière qu'un Rusty James, on se façonne une personnalité à travers un idole, une personne en qui on aime même si parfois on peut se tromper. Si Rusty semble plus idiot que son grand frère parce qu'il ne parvient pas à utiliser les mêmes mots que sont frère ou son père, qu'il n'a pas un vocabulaire aussi élaboré qu'eux. Il s'intéresse aussi essentiellement aux gangs, aux filles et aime se battre. Bref, Rusty a tout pour être une belle racaille. Pourtant, on sent une volonté de Coppola de ne pas donner cette image définitive à ce personnage. Pour cela, la place du frère est très importante. Le nom du frère passe par un pseudonyme qui est celui de Motorcycle Boy. On ne citera pas une seule fois son vrai prénom. Dans cette famille déchirée, où le père est alcoolique et la mère qui a quitté très tôt le domicile familial, se faisant même passée pour morte, Motorcycle Boy est véritablement la seule attache et le seul exemple à suivre pour Rusty James. Le retour du grand frère va permettre à Rusty de retrouver une certaine attache et de sortir un peu du train-train des bagarres dans lequel il s'était instauré pour faire comme son grand frère, suivre l'exemple de celui-ci. Un Motorcycle Boy qui a énormément changé. Il est nettement plus silencieux, renfermé sur lui-même, il ne veut plus se battre et aimerait que la réputation qu'il s'est forgée ne la suive plus. Qu'il redevienne un simple type qui a une vision particulière sur la vie. Mais il est impossible de s'en échapper. La vie est un combat. Les deux jeunes s'en rendent évidemment compte. Pas seulement un combat physique mais aussi mental. Et si la fin, le Motorcycle Boy devient à tout jamais une légende après sa mort, il ne mourra jamais car sa réputation lui restera vivante et de plus, son frère semble reprendre la même voie. Et ça se finira par un plan final superbe d'un Rusty James planté à côté de sa moto et regardant le coucher du soleil sur une plage du pacifique.
De plus, l'oeuvre possède un fabuleux casting. Si Matt Dillon est extraordinaire, la palme revient certainement à Mickey Rourke, qui démontre que bien avant de sombrer dans des soucis tout autres, il possédait un talent formidable et indéniable. Il a vraiment le potentiel d'un tout grand. De plus, tous les seconds rôles sont parfaits. Que ce soit Dennis Hopper, Diane Lane ou encore Chris Penn. La famille de Coppola est aussi présente. Sa fille, Sofia, obtient un petit rôle. Tout comme Nicolas Cage dont la coupe de cheveux restera probablement dans les mémoires. En fait, il n'y a carrément que tout des grands noms du cinéma contemporain.
Monsieur Coppola, j'ose espérer que vous nous reviendrez un jour ainsi. Votre oeuvre est parfaite et magnifique. Vous êtes un grand. Ce Rusty James le prouve au monde entier...
batman1985
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le 6 mai 2011

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