Grève de Neuheuser : ligne de front et ligne de fuite

Un petit village de l'est de la France se reterritorialise par des travailleurs en grève.
Neuheuser n'est plus seulement un site de production, mais un espace de lutte où toute la stratégie consiste à confectionner un prototype de la machine de guerre à partir de la conjonction des éléments minoritaires de l'axiomatisation capitaliste. Christian Porta apporte à la lutte des classes un nouveau genre de tactique : la transversalité. Par ailleurs son passage chez les Soulèvements de la Terre est l'ébauche d'un mélange de stratégie militante à la croisée du front unique et de la praxis commune telle qu'elle fut théorisée par le Comité invisible : « L'auto-organisation locale, en surimposant sa propre géographie à la cartographie étatique, la brouille, l'annule; elle produit sa propre sécession. »
Également, on y retrouve cette ligne de fuite de la décentralisation par la contre-offensive aux potentialités insurrectionnelles : « Pour la France, la perte de centralité du pouvoir signifie la fin de la centralité révolutionnaire parisienne. Chaque nouveau mouvement depuis les grèves de 1995 le confirme. »
La grève de Neuheuser est alors une expérimentation politique où celle-ci dépasse son cadre initialement économique pour devenir un laboratoire stratégique, capable de brouiller les codes du pouvoir et d'inventer de nouvelles formes de lutte qui devront servir pour l'avenir des travailleurs de tous les pays.