La Morale Anarchiste ne cherche pas à s'imposer, ce n'est d'ailleurs pas l'objectif de la morale, puisque celle-ci ne vaut que pour soi : la morale c'est appliquer des principes pour soi-même et non pour les autres. Kropotkine expose simplement les principes moraux qui régissent la vie en partant d'un constat biologique :
> "Rechercher le plaisir, éviter la peine, c’est le fait général (d’autres diraient la loi) du monde organique. C’est l’essence même de la vie.
> Sans cette recherche de l’agréable, la vie même serait impossible, l’organisme se désagrégerait, la vie cesserait.
> Ainsi, quelle que soit l’action de l’homme, quelle que soit sa ligne de conduite, il le fait toujours pour obéir à un besoin de sa nature. L’acte le plus répugnant, comme l’acte indifférent ou le plus attrayant, sont tous également dictés par un besoin de l’individu. En agissant d’une manière ou d’une autre, l’individu agit ainsi parce qu’il y trouve un plaisir, parce qu’il évite de cette manière ou croit éviter une peine."
Mais alors si l'homme n'agit que pour son intérêt personnel, l'altruisme n'existe pas ? Le Prince anarchiste nous réponds que l'altruisme et l'égoïsme sont les deux faces d'une même pièces, bien plus encore, ce sont les mêmes notions :
« Quand nous disons : « Traitons les autres comme nous voulons être traités nous-mêmes » – est-ce de l’égoïsme ou de l’altruisme que nous recommandons ? »
Ce n'est ni l'un ni l'autre, ou plutôt les deux à la fois et donc ce que Kropotkine appelle : l'anarchisme. Cette conception de la morale s'accorde avec un principe nietzschéen, celui de la volonté de puissance :
> « Le sentiment moral du devoir, que chaque homme a senti dans sa vie et que l’on a cherché à expliquer par tous les mysticismes. « Le devoir n’est autre chose qu’une surabondance de vie qui demande à s’exercer, à se donner ; c’est en même temps le sentiment d’une puissance. »
Chaque page de ce court essai nous guide vers l'idéal moral que l'homme cherche à établir, celui d'un monde sans exploitation, celui d'un monde où le libre-développement de tous est la condition nécessaire à la liberté de tous, celui d'un monde où l'égalité des hommes règne inconditionnellement, celui d'un monde anarchiste.