Les fans avaient crié au scandale en voyant la nouvelle tenue du RoboCop de José Padilha, poussant la production à revoir leur copie et boycottant le sens artistique du réalisateur pour le sortir dans l’indifférence la plus totale. Alors que le film, bien qu’il soit inférieur à l’original et de loin, se présentait comme un divertissement de bonne facture. Ensuite, ce fut le rachat de Lucasfilm par Disney et de l’annonce de Star Wars VII qui avait déchaîné les gens, pour se présenter au final comme l’un des meilleurs opus de la franchise (pour la majorité d’entre eux). Bref, les fan boys sont devenus les pires ennemis des blockbusters actuels, ayant le pouvoir via les réseaux sociaux de faire peur aux productions au point de les inciter à reprendre le projet pour les calmer, donnant à la fin quelque chose qui ne fonctionne pas du tout (il suffit de voir ce qui se passe actuellement avec la Warner et sa tentative de monter la Justice League). La dernière victime en date : le reboot de Ghostbusters, haï par des millions de fans juste parce que les acteurs originaux sont remplacés par des femmes. Mais attendez ! Le film n’est même pas sorti ! Attendez de voir ce qu’il vaut avant de le renier de la sorte car vous aurez bien l’air bêtes s’il était de bonne qualité ! Que dis-je ? Vous êtes bêtes car ce S.O.S. Fantômes est bien, tout simplement !
Oui, je sais que je vais m’attirer des foudres en disant cela, mais je le clame haut et fort : ce long-métrage est un très bon divertissement, qui n’a rien à envier à son modèle de base. Il en est même respectueux au possible, reprenant ce qui en faisait un petit délire devenu culte au fil des années. Si les plus réfractaires pensaient avoir un produit prônant le féminisme à outrance au point de parasiter cet univers qu’ils apprécient tant, qu’ils se rassurent : ce Ghostbusters n’est pas de ce calibre. Car le réalisateur Paul Feig n’est pas un activiste. C’est juste un réalisateur ayant un style qui lui est propre : celui de mettre en avant des femmes. Point ! Bien entendu, il s’en amuse un peu dans ce film en prenant un homme comme secrétaire ou bien l’entrejambe d’un fantôme comme étant son point faible. Mais mis à part cela, que les personnages principaux soient féminins ou masculins ne changent rien au fait que nous avons affaire à un film Ghostbusters. Un divertissement livrant des protagonistes toujours aussi excentriques et attachants, des effets spéciaux kitsch, un humour bon enfant et parfois absurde, de l’exagération dans certaines émotions et plans… Le premier opus était comme cela, et ce reboot l’est aussi !
Après, il est vrai que l’on peut trouver certains défauts à cette version 2016. À commencer par cet aspect trop respectueux envers l’œuvre originale, qui a poussé le réalisateur et son équipe à en reprendre certaines scènes à quelques nuances près (le fantôme de la bibliothécaire remplacé par celle d’une baronne psychopathe dans un manoir hanté, la première chasse dans l’hôtel prenant cette fois-ci place en plein concert…) et à inviter des caméos complètement gratuits et inutiles (la palme revenant à Dan Aykroyd et Sigourney Weaver). Sans compter que niveau musical, le film reste une fois de plus piégé par la chanson de Ray Parker Jr., ne pouvant proposer autre chose digne de ce nom (la simili reprise faite ici par le groupe Fall Out Boy fait de la peine…). Et puis, il y a également certaines lourdeurs dans certaines répliques et gags, mais cela va avec l’humour américain actuel. D’autant plus qu’il faudrait rappeler que le premier opus se permettait également des situations de cet acabit, comme celle où le personnage d’Aykroyd rêvait qu’un fantôme lui faisait une fellation. Donc encore une fois, rien de blasphématoire dans ce reboot !
Le premier avait aussi des défauts, et sa forte sympathie et le plaisir qu’il procurait lors de son visionnage faisait tout oublier. Ici, c’est exactement la même chose ! Nous avons donc ce respect déjà cité pour l’opus initial, cet humour généreux… Mais également une équipe d’actrices du tonnerre qui s’éclatent comme des folles, transmettant leur bonne humeur sans aucune gêne. Une mise en scène certes impersonnelle mais diablement efficace. Un montage superbement rythmé qui n’ennuie aucunement, enchaînant comme il se doit moments drôles, d’adrénaline et même un chouïa angoissant. En clair, tout ce qu’il faut pour amuser la galerie sans prise de tête. Si vous n’adhérez pas, c’est que vous êtes vraiment difficiles ou bien encore emprisonnés dans votre énervante manière d’agir en tant que fan boys. En tout cas, je me suis personnellement amusé. Et même grandement ! Bien plus que la majorité des blockbusters de cet été 2016 que j’ai pour l’instant vu (Independence Day 2, Suicide Squad, Le BGG…). Au point d’en demander une suite avec la même équipe, c’est pour dire !
Mais à cause de tout cette débâcle engendrée par des gens qui n’ont pas l’intelligence de donner une chance à un film qu’ils n’ont même pas encore vu, ce Ghostbusters 2016 est un flop commercial (en même temps, la production est allée loin avec son budget de 144 millions de dollars…). Pas sûr donc que celle-ci se lance dans une nouvelle franchise comme il était convenu, n’étant pas sûre que le public sera au rendez-vous. Et c’est fort dommage car le film de Paul Feig mérite que l’on s’y attarde. Car autant de générosité et d’efficacité de nos jours, dans un cinéma hollywoodien voilé par des studios ne pensant qu’au profit et des fanatiques criant au scandale à la moindre occasion, c’est rare. Vraiment très rare !