Adaptation Netflix du roman éponyme de Joan Didion sorti en 1996, Sa Dernière volonté se veut comme un thriller politique sous tension, une virée réaliste dans l'univers du trafic d'armes et des énièmes filouteries du gouvernement américain, mais n'arrive jamais à tenir une quelconque distance. La faute principalement à un scénario confus mis en scène sans réelle maîtrise par Dee Rees, réalisatrice du Nominé Mudbound, qui peine ici à proposer une identité propre à un film aussi intéressant que mal fichu.
Menée par une Anne Hathaway investie (l'actrice a même pris quelques rondeurs pour l'occasion), cette histoire de journaliste américaine engagée qui s'embarque dans une aventure mouvementée au Costa Rica reste constamment désordonnée. On ne sait jamais où se déroule concrètement l'enchaînement des scènes, quels sont les réels enjeux, qui sont les personnages secondaires et quelle est leur implication dans le récit. Peu aidés par des dialogues véloces et le plus souvent incompréhensibles, nous plongeons malgré nous dans une intrigue alambiquée manquant cruellement de constance et de limpidité en dépit des répétitions de dialogues en off ou les nombreux mini-flashbacks explicatifs qui tentent constamment de nous ramener au récit.
Thriller d'action exotique, pamphlet politique en filigrane, avec ses personnages volatiles, ses rebondissements tout droit sortis d'un chapeau et ses ellipses anarchiques, le long-métrage semble vouloir proposer énormément (trop ?) de choses tout en restant globalement creux. Ce paradoxe se ressent à chaque minute et empêche clairement la compréhension et le bon visionnage du film que les jolis décors et l'implication de quelques protagonistes (hormis Ben Affleck qui cachetonne pour un gros cameo sans âme) n'arrivent hélas pas à sauver. Une meilleure maîtrise du rythme et de la mise en place des éléments constructifs au récit auraient probablement permis à Sa Dernière volonté d'être moins brouillon et plus intelligible.