Film littéraire avec un scénario inspiré du roman Les nuits blanches, de Dostoïevski (1848).
Un casting étonnant
- Ranbir Kapoor, incarne Raj, chanteur itinérant, en chapeau et gros nez, joue le côté enfantin de la masculinité, et apporte une touche de fraicheur à un film par ailleurs particulièrement nocturne
- Rani Mukerji est Gulab, en prostituée éblouissante, à l'anglais improbable
- La logeuse Lilian surnommée Lilipop, chrétienne qui ne s'exprime qu'en anglais Zohra Sehgal (1912-2014)
- Sakina, la femme obsessionnelle et mystérieuse, drapée dans son islam, est incarnée par Sonam Kapoor, qu'on rencontre plus tard dans le bon film LGBT qu'est Ek Ladki Ko Dekha Toh Aisa Laga.
- Salman Khan à la masculinité extravertie - dont le choix par les réalisateurs est toujours énigmatique et agaçant - joue le mystérieux Imaan.
Chassé croisé entre deux hommes et trois femmes
Raj arrive un soir dans un quartier irréel fait de cabarets, de néons et de brume. Guidé par une Gulab très séduite, il prend pension chez Lilian. Il tombe vite sous le charme de Sakina, qui elle en aime un autre.
Décors
Le film est entièrement tourné en décors de studio (un peu carton-pâte) à la façon Broadway : on y trouvera des cours d'eau et des ponts dignes de Venise, des enseignes new-yorkaises, un arc de triomphe... Tout y est extravagant, soigné et beau. Absolument kitsch.
Dans ce quartier de prostitution, on navigue entre trois communautés religieuses : Lilian est chrétienne, Sakina et Imaan sont musulmans, tandis que Raj est hindou. Du coup les dialogues oscillent entre trois langues : anglais, hindi et ourdou.
Les seuls autres personnages de ce quartier désertique sont les prostituées du quartier, insolentes et rieuses, bien qu'elles soient malmenées par leur condition.
Ça ne manque pas de chansons
Dès la neuvième minute du film, on en est déjà à la deuxième chanson, ça s'enchaine avec les promesses de l'arrivée d'une fée. L'ambiance est sombre, lourde, gothique : pesante et onirique.
Le seul moment de lumière, c'est la chorégraphie drôle et osée de Raj nu sous sa serviette de toilette, dans le soleil du matin.
Amour et religion
Quel est l'enjeu du film ? Évoquer les peines de l'existence, entre la tristesse et la joie ? Illustrer un énième amour impossible ?
Tout est beau, mais on ne comprend pas bien où le spectateur est emmené. S'agirait-il de jouer la carte de la réconciliation entre hors castes et habitants respectables ? Entre communautés religieuses et linguistiques ? Ce n'est décidément pas le film le plus abouti de Bhansali. Heureusement, il y a Rani...