Saawariya (en français, "mon amour", "ma chérie") est, selon moi, l'exemple type du film complètement incompris par son public. Plutôt mal reçu à sa sortie en Inde et boudé par le public (qui lui a préféré la machine de guerre bardée d'icônes du cinéma indien: Om Shanti Om), il m'avait été chaudement déconseillé par mes amis indiens.
Cependant, simplement pour me faire un avis personnel, j'ai décidé de regarder ce premier Bollywood produit par Hollywood... et quelle excellente surprise!
Certes, l'histoire - bien qu'inspirée de Nuits Blanche de Dostoïevski - n'est pas révolutionnaire. Mais finalement, ce n'est pas vraiment ce qui importe dans ce film. Le véritable intérêt réside définitivement dans l'esthétisme, l'univers bleuté, les décors soignés et les costumes magnifiques. Saawariya est une successions de tableaux poétiques situés dans une ville imaginaire qui n'est pas sans rappeler le Paris dépeint dans "Moulin Rouge!" (mais en bleu). Le réalisateur, Sanjay Leela Bhansali est un artiste (l'un de mes préférés) et parvient à donner à son histoire une dimension onirique bouleversante.
Lorsque je l'ai vu la première fois, les chansons ne m'ont pas spécialement emballé (le ballet de "Chhabeela" par contre, est très très beau). Mais après plusieurs visionnages, j'ai finalement commencé à apprécier la musique du film. A part la chanson titre, Saawariya.à laquelle je ne trouve pas un grand intérêt. J'aime particulièrement, dans la chanson "Jab Se Tere Naina", le clin d'oeil de Ranbir Kapoor à une scène culte de son père, Richi, dans le film Billy (1973): le fameux lâché de serviette...
Je tiens à parler des costumes parce que c'est un peu mon "X factor" en matière de cinéma indien et c'est ce qui m'a fait tout de suite tomber amoureuse de ce film. Les saris de Sonam Kapoor et Rani Mukherjee sont absolument somptueux et j'ai été très sensible à la manière dont le vêtement est célébré dans ce film. Les jeux d'étoffe sont nombreux et très élégants - même les hommes sont bien habillés, ce qui assez rare finalement!.
Pour les acteurs, Ranbir et Sonam Kapoor (dans leur premiers rôles) et Rani Mukherjee signent des performances tout à fait honorables mais pas vraiment éblouissantes. Quant à Salman Khan, il arrive miraculeusement à ne pas surjouer (sans doute parce qu'il n'a, au final, que quelques lignes de texte).
Au final, Saawariya est un film qui mérite d'être vu, au moins pour se plonger pendant un peu plus de deux heures dans la magie que seuls les bollywood savent créer!