Sabrina par Stanleywhite

Avec « Sabrina », Billy Wilder nous livre une pure comédie romantique, une variation sur le conte de « Cendrillon », moins rythmée et moins incisive que ses œuvres-maitresses qui suivront ( « La garçonnière », « Certains l’aiment chaud »,…) mais non dénuée de charme et d’émotion . Et cette émotion naît essentiellement de l’interprétation toute en grâce d’une Audrey Hepburn fragile et déterminée, lumineuse et délicieuse, réveillant la sensibilité oubliée d’un Humphrey Bogart en fils aîné d’une famille de magnats industriels. Celui-ci semble s’être bien amusé de ce rôle à contre-emploi : il faut le voir en arrière-plan, juché sur une plaque en plexiglas dont il veut prouver la solidité devant un parterre d’hommes d’affaires, ou encore traitant son tombeur de frère blessé au derrière de Scar-fesses ( en VO)…
Entre deux scènes à Long-Island, Wilder filme un Paris de Carte postale, entre ses monuments et son chef-cuisinier à l’accent exagérément frenchy, avec la « Vie en rose » en guise de ritournelle. Mais lorsque c’est Audrey Hepburn qui à son retour à New-York, la susurre à l’oreille du vieil ours Bogart, on oublie vite les clichés et on se laisse volontiers emporter…
Deux anecdotes à propos du film:
- on notera la présence du flegmatique John Williams à l’accent so-british (aperçu en détective dans « le crime était presque parfait » d’Hitchcock) dans le rôle du père de Sabrina.
- Linus Larrabee ( Humphrey Bogart) réserve des places de théâtre pour "Sept ans de réflexion" avec Tom Ewell à Broadway, pièce que Billy Wilder adaptera au cinéma un an plus tard avec Marilyn Monroe.