Dans la vie il y a deux catégories. Ceux qui en rêvent, et ceux qu'ils le font. Ces gars en ont d'abord rêvé, puis ils l'ont fait. Ils ont retrouvé en Espagne le cite sur lequel la fameuse scène du duel du bon, la brute et le truand a eu lieu. C'est dans le cimetière de sad hill que Leone a tourné ce qui est devenu l'un des instants mythiques du cinéma. Là où il n'y avait rien, un cimetière a été entièrement construit pour les besoins du film. L'armée de Franco a donné la main-d’œuvre nécessaire en fournissant une masse de soldats afin que tout cela soit possible. 5000 fausses tombes, c'est le nombre de sépultures que constitue ce cimetière. Une fois le tournage terminé tout est resté comme ça, personne n'a pris le temps de remettre le cite en état. Et tant mieux, puisque des aficionados espagnols sont parti à la recherche de l'endroit. Dans les familles certains parlaient d'un tournage auquel ils avaient participé en tant que figurants. En grandissant les aficionados apprirent que leurs ainés avaient participé au film de Leone. Fort de cette nouvelle ils partirent à la recherche de ce lieu qui a marqué à jamais leurs esprits. En cherchant ils ont vu que les tombes étaient toujours là, elles forment un cercle facilement visible du haut des collines allant tour. Leur but premier était de voir si le cercle central de pierres était toujours en place. En quelques coups de pioches ils ont vu que rien n'avait bougé, seule la végétation avait repris ses droits. Pour reconstituer ce lieu qui est un véritable sanctuaire du cinéma ils n'avaient besoin que d'une unique chose, la volonté. De la petite poignée qu'ils étaient ils ont réuni des dizaines de fans d’Espagne et d’Europe qui leur sont venu en aide, pour redonner l'aspect du film au lieu.
N'attendez pas de ce doc de grandes révélations sur le film de Leone, ce n'est pas le but premier. On a cependant des éclaircissements sur l'explosion accidentelle du pont. Celle-ci est presque digne d'un mauvais gag, le signal a été donné par un lieutenant qui répétait le signal. Les hommes qui étaient chargés de faire sauter le pont ont vu le signal et ont donc appuyés sur le détonateur pour faire exploser le pont. Grosse erreur car la caméra ne tournait pas. Le général sur place a dit à Leone qu'ils reconstruiraient le pont en 2 jours, une chose respectée. Sad Hill Unearthed est un documentaire sur des passionnés qui n'ont comme seul et unique but que de faire renaitre un lieu mythique du cinéma. Fait par des passionnés pour des passionnés. Il n'y a là en aucun cas l'envie de faire un parc d’attractions de cet endroit. Et ce serait la pire des choses pour ceux qui se sont investi dans ce projet fou. Parmi les gens qui témoignent de l'importance du film de Leone on retrouve Christopher Frayling, le réalisateur Joe Dante ainsi que James Hetfield chanteur de Metallica. Il faut dire que Metallica ouvre ses shows avec la scène du cimetière depuis plus de trente ans. Ils passent la musique The ecstasy of gold et diffuse les images d'Eli Wallach courant dans le cimetière sur grands écrans. Les propos d'Hetfield ne sont pas des plus passionnants, c'est très Américain, il dit des choses convenues (façon bonus DVD) comme il doit en dérouler en interviews et aux fans. Parmi les participants on retrouve aussi des gens qui ont travaillés sur le film comme Morricone et Eastwood, pour les plus connus. Sinon il y a aussi les témoignages des gens de l'équipe et des militaires mis à contribution par l'état. On apprend tout de même deux, trois choses sur le film, comme que Morricone ne voulait pas de trompettes dans la musique du duel. Ou que Leone consultait un livre de la guerre de sécession pour placer les soldats morts sur le champ de bataille. Ce ne sont pas de gros éléments, mais ça permet toujours d'en savoir un peu plus sur la façon dont Leone envisageait son travaille.
Le doc ne se concentre que sur les lieux de tournage de la région de Burgos et surtout sur la scène du cimetière. On évoque aussi le camp de concentration et l'histoire du pont. Cette histoire de passionnés est intéressante. Elle réserve aussi des instants émouvants, ce n'est pas un pauvre truc de geeks fait n'importe comment. On sent qu'il y a des moyens derrière tout ça. L'image est belle et le doc est très travaillé. Le réalisateur sait construire un documentaire, il sait comment exploiter son sujet au maximum et retransmettre la folle passion qui anime ces aficionados. Sad Hill Unearthed a tout ce qu'il faut pour tenir le spectateur captivé. Le final qui se conclut avec l’entrée en scène de Metallica donne toute la dimension de cette scène incroyable.