Je suis toujours méfiant des documentaires réalisés par des fans sur des films qui leur sont chers, avec des catastrophes comme Vendredi 13 ou Psychose, où ça sentait l'amateurisme à plein nez.
Là, il s'agit de personnes qui veulent reconstituer le fameux cimetière du Bon, la brute et le truand situé à Burgos, au Nord-Ouest de l'Espagne, pour les 50 ans du film. Projet un peu fou, mais c'est là qu'on voit que la foi déplace les montagnes, car d'un petit groupe de gens, leur volonté va faire que des tas d'autres personnes vont venir se greffer à la résurrection d'un lieu mythique (nommé Sad Hill) pour un film légendaire.
Le projet démarre dès 2010, avec la recherche précise de là où aurait pu être tourné le cimetière, et il y a quelque chose de quasiment archéologique dans tout ça, où les herbes folles ont pris la possession des lieux, et tous se rendent compte du chantier à abattre. Reconstituer les 5000 croix du cimetière en cercle, nettoyer la place centrale en installant des pierres, arracher la terre et les herbes à l'aide de pelles et d'un tracteur, et ceci durant des années, jusqu'à une projection du film de Leone à cet endroit précis en 2016, pour ses 50 ans.
A travers ce documentaire, on sent une volonté sincère, pas du tout mercantile, de fans qui veulent rendre hommage à un film qui leur est important. D'ailleurs, leur action sera soutenue par des gens se joignant à une association qui a été créée pour l'occasion, mais aussi de grands noms. On entend James Hetfeld (dont une chanson de Metallica repend The ecstasy of gold), Alex de la Iglesia, Joe Dante, des historiens dont Christopher Frayling, et quelques personnes ayant participé au film de Leone, dont Ennio Morricone, des figurants jouant les soldats de la guerre de Sécession, un des scénaristes, l'assistant caméra, le monteur, et incroyable, Clint Eastwood lui-même. Tous approuvent ce projet fou mais touchant, où ces fans sont dans une reconquête du temps à travers ces fouilles archéologiques, pour recréer quelque chose qui leur est cher.
Techniquement, c'est très bien réalisé, avec une très belle image de ce pays si solaire, où le temps semble s'être arrêté, pas de présence de geeks aux cheveux gras, et, c'est là aussi une surprise, c'est bourré d'extraits du film, mais aussi de photos de plateau, dont certaines inédites à ce jour.
Historiquement, le documentaire ne parle donc que des scènes se passant à Burgos, Sad Hill dans le film, et permettent d'expliquer au mieux la scène du pont explosé, les batailles de la guerre de Sécession (où sont employés des soldats de l'armée franquiste), et bien entendu la scène du gunfight au cimetière qui se taille la part du lion.
Non seulement c'est intéressant, mais c'est également touchant quand l'association inaugure une soirée en plein air sur place pour la résurrection du cimetière ; il est organisé une projection du film, et avant ça, il y a quelques messages de félicitations sur l'écran, plus le monteur venu pour l'occasion.
On entend Ennio Morricone qui remercie les gens, un des scénaristes, mais il y a une véritable émotion qui parcourt le public quand Clint apparait à l'écran et remercie les fans pour ce projet fou, et lui aussi semble touché par ce geste.
Il y a quelque chose de l'attitude de fan dans cette histoire un peu folle, mais c'est fait avec une telle sincérité, et surtout, c'est une formidable histoire de courage et d'abnégation pour vivre ses rêves.
Et ça donne envie de revoir le film de Sergio Leone.