Je ne connaissais pas du tout Safety not guaranteed avant la veille du jour où je l'ai vu. J'en ai entendu parler par un collègue amateur de séries, ce film comportant pas mal d'acteurs du petit écran selon lui, et je suis allé le voir uniquement parce qu'il est question d'une machine à remonter le temps et que le synopsis sur IMDb m'avait fait rire quand j'ai vu la fiche rapidement le soir d'avant : 3 journalistes qui partent à la recherche d'un homme qui a posté une annonce dans le journal pour se trouver un compagnon pour un voyage dans le temps).
J'ai eu de la chance d'entrer dans la salle, tout simplement, et j'ai vu ce film.

Au début les autres spectateurs riaient bien plus que moi, le public majoritairement américain j'ai l'impression adhérant plus vite à l'humour du film qui, au départ, s'appuie beaucoup sur les vacheries balancées aux protagonistes, par les autres personnages ou par le scénariste. L'héroïne est gratuitement traitée de lesbienne ; quelques scènes après on apprend par son père qu'elle est vierge. J'ai trouvé ça facile, et donc pas drôle (mais pas forcément dérangeant non plus) d'accabler comme ça un personnage pour faire rire.
Les personnages principaux sont qui plus est tous très typés. Il y a le supérieur branleur (Jeff), et la subordonnée (Darius, stagiaire) qui se montre beaucoup plus sérieuse et débrouillarde ; on a vu ce type de positions inversées bien souvent déjà. Et en troisième protagoniste, on a un jeune indien nerdy dont se moque le supérieur branleur. Classique, jusque là.
A un certain moment, ces trois personnages, journalistes au Seattle magazine, attendent de voir qui est la personne qui a publié l'annonce sur le voyage temporel, c'est comme s'ils attendaient, comme nous, de voir qui est le 4ème protagoniste. Ce qui est bien avec lui, Kenneth, c'est que malgré la bizarrerie de ses activités et son caractère obsessionnel un peu creepy qui apparaîtra plus tard, il n'est nullement montré de façon caricaturale ni trop négative, malgré le jugement de certains personnages, ce qui permet que les moments d'émotion avec lui fonctionnent.

J'ai finalement assez bien adhéré aux blagues du film, au bout d'un quart d'heure environ, l'humour s'y révélant être plein d'esprit ("witty", dirais-je en anglais) quand il n'est pas sarcastique de façon bien amusante.
Le film base aussi une part de ses gags sur l'idée de tourner en dérision des situations habituelles de cinéma d'action ou policier.
C'est drôle de voir Darius se la jouer tough et mystérieuse pour intéresser Kenneth en tant que potentielle partenaire sans sa mission. Lui, notamment, prend très au sérieux ce qu'il fait, se croyant espionné, disant "over and out" à la fin d'une conversation au téléphone, ... ce qui participer à rendre comique des situations déjà tant vues, la différence étant que Kenneth donne l'impression de vouloir faire "comme dans les films", quand il retient un instant Darius de sortir de la voiture par exemple, plutôt que de réellement prendre des précautions. Ca marche d'autant plus que l'acteur garde son sérieux, sans être excessif mais naturel, son personnage ne se rendant pas compte du ridicule de certaines situations ou paroles ; et putain ça fait du bien de s'apercevoir comme ce n'est pas fait avec lourdeur !
Globalement, Safety not guaranteed se plaît à apporter un décalage à des scènes vues et revues : il y a un cambriolage dans une entreprise, tandis qu'à côté se tient un pot, un couple s'embrasse, ... et quand le voleur fuit, il le fait en marchant, mettant les employés dans l'incertitude, se contentant de le suivre en demandant "sir, what are you doing ?".
Lors de la scène de poursuite en voiture, Darius remet les choses en rappelant à Jeff, qui trouve ça "intense", qu'ils roulent à 15 miles/heure.
Ah et le film se moque implicitement d'un personnage de gothique, en tout cas plusieurs spectateurs ont ri, et moi également, alors que je suis pas plutôt pour la défense des goths en général. Au passage, il y avait un assez bon public durant cette séance.

Bon après le film a une idée bizarre à un moment, celle de la fausse oreille... très étrange. Est-ce une façon originale de chercher à ce qu'on s'attache à des personnages tout en montrant leur rapprochement ?
Darius, complice de Jeff le journaliste, se place dans le camp de Kenneth, le mec qui pense pouvoir voyager dans le temps et que l'on veut exploiter au départ pour obtenir une bonne histoire pour le Seattle magazine. Certes on retrouve l'histoire classique du "je suis devenu ton ami pour des mauvaises raisons, j'ai menti mais en fait mes émotions sont réelles", mais je ne voyais pas ça comme ça sur le moment. Un des éléments qui participe à changer un peu du schéma habituel, c'est que le spectateur non plus, à un moment donné, quand Darius raconte un événement de sa vie clairement très personnel, on ne sait si elle invente ou si elle dit la vérité. Ou alors le réalisateur voulait qu'on comprenne qu'à ce moment là elle dit la vérité, mais c'est raté (j'imagine qu'il fallait comprendre qu'elle était honnête quand elle corrige son histoire, mais ce n'est pas assez clair).
En tout cas, le film gère très bien l'évolution de la relation et les avancées en vue de la "mission" de Kenneth, car on ne s'ennuie pas, et à aucun moment je n'ai eu l'impression que le film tournait en rond ou stagnait, alors même que pendant tout le long-métrage on ne fait que suivre la préparation du voyage dans le temps, si bien qu'on en vient à douter qu'on verra la machine à la fin. Mais en fait peu importe, tant ce qui se passe entretemps suffit à constituer l'intérêt du film.
En parallèle de l'intrigue entre Darius et Kenneth, on a Jeff qui profite de ses "vacances" payées par ses employeurs pour renouer avec une ex du lycée. L'histoire du personnage nous importe, alors même qu'il apparaissait comme un connard au début, car il finit par se détacher de la caricature qu'il était au premier abord. On est presque touché par ce qui lui arrive ensuite ; et Jeff se montre assez humain pour donner de bonnes leçons de vie à Arnau, le nerd.
De plus, l'histoire de Jeff fait écho à la raison pour laquelle Kenneth voulait remonter le temps au début, regrettant une petite amie du passé, mais alors qu'il se prépare, une relation naît au temps présent avec Darius.

Safety not guaranteed, un beau film. Sur le voyage dans le temps. Enfin une bonne surprise pour moi durant ce festival de Cannes 2012.
Et Aubrey Plaza est mignonne, elle me rappelle Ellen Page.


(Cannes #14)
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le 23 mai 2012

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Wykydtron IV

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