Condenser une création et toute une vie en moins de deux heures est une difficulté dont Diane Kurys se sort ici avec habileté et efficacité. Encore que cette biographie de Françoise Sagan n'est pas une introduction à son oeuvre, dont la cinéaste évoque essentiellement la fameuse première pierre, ce "Bonjour Tristesse" écrit en quelques semaines par une adolescente et qui fait sa célébrité mondiale et sa fortune instantanément. La publication du roman "scandaleux" de Françoise Quoirez, aussitôt renommée Sagan pour ne pas heurter sa famille bourgeoise, lance le film.
Cette biographie nécessairement elliptique et très sélective est un portrait intime, loin des mondanités littéraires, d'une femme qui redoutait l'absence d'amour et la solitude et qui, hélas, finira seule, dans une évocation sans pathos, mélancolique et pleine de tact. C'est la pudeur d'ailleurs qui caractérise la mise en scène de Diane Kurys. A l'opposé du biopic à l'américaine, porté généralement à la démonstration, la réalisatrice n'appuie pas sur les accidents (y compris de voiture) de la vie de Sagan ni ne les érige en spectacle "people". Ce sont autant d'évènements ou d'incidents qui ne servent qu'à dessiner la personnalité de la romancière, sa prodigalité, ses amitiés fidèles, sa candeur. Même ses liaisons féminines ne sont vues que sous l'angle de longues amitiés.
Restait à trouver la comédienne capable d'incarner Sagan. Sylvie Testud ne se contente pas d'avoir le profil; par la gestuelle et par l'élocution, par ses moues et ses chutes de phrase, elle se fond complètement (du mimétisme diront certains) dans le personnage et donne une interprétation très brillante de la romancière...sans la reconnaissance, peut-être, qu'a eue Marion Cotillard dans le rôle de Piaf à la même époque.