Critique effectuée à partir de la version longue.

De par la vie qu'elle a menée, Françoise Sagan méritait un biopic. Femme libre et libérée avant l'heure, se fichant de tout et n'ayant peur de rien, surtout pas de la mort, elle fut en outre une romancière dont le premier livre, Bonjour tristesse, fut un scandale à sa parution. C'est en effet dès ses 18 ans que démarre le film, avec une fin pathétique où, ruinée et quasiment captive de son dernier amour, elle mourra dans la tristesse et la solitude.

Je connais un peu l’œuvre de Sagan, mais j'avoue naïvement que le personnage m'a toujours fasciné, elle qui ne craignait rien, qui vivait sa vie à 100 à l'heure, et pour qui le scandale fut un vain mot. De ce fait, le choix de Diane Kurys d'avoir choisi Sylvie Testud pour le rôle titre a été déterminante, car cette dernière est extraordinaire en Françoise Sagan. Par le jeu du maquillage,l'apparence et la voix très sèche on a vraiment la sensation de voir un rôle se créer sous nos yeux, avec la sensibilité qu'apporte Testud, qui en fait un personnage certes insupportable, mais dont on s'attache au fond.
Si les autres acteurs sont un peu en retrait, citons-les car ils ne déméritent pas non plus : Pierre Palmade (Jacques Chazot), Lionel Abelanski (Bernard Frank), Jeanne Balibar (Peggy Roche), et Arielle Dombasle, qui hérite du rôle le plus ingrat, celui d'Astride (nom modifié), la dernière compagne de Sagan et aussi sa geôlière de luxe.

Il faut expliquer qu'à l'origine, Sagan est un téléfilm de 3 heures (en 2 parties) et que Luc Besson a décidé de le sortir en salles, raccourci d'une heure. J'ai attendu de voir la version d'origine, qui sied parfaitement à la vie romanesque qui était celle de l'écrivain.
Ceci expliquant une mise en scène assez pauvre, mais il y a un effort certain sur les décors ou les costumes. En tout cas, l'étiquette téléfilm ne se fait pas trop sentir.

Le seul gros reproche que je soulignerais sur le film est qu'il revient beaucoup trop sur Sagan la scandaleuse et non pas Sagan l'auteure ; excepté Bonjour tristesse, et l'évocation de ses mémoires, on ne revient quasiment jamais sur ce qu'elle a écrit, sur son tallent littéraire certain. Il est dommage qu'il ne reste de ce téléfilm que l'odeur de soufre et non pas de l'encre. Cela dit, le film se conclut par l’épitaphe que Françoise Sagan avait écrit en 1988 à l'attention de Jérôme Garcin :

« Sagan, Françoise. Fit son apparition en 1954, avec un mince roman, Bonjour tristesse, qui fut un scandale mondial. Sa disparition, après une vie et une œuvre également agréables et bâclées, ne fut un scandale que pour elle-même. »

Car son œuvre a été mine de rien très importante ; entre les romans, les pièces de théâtre ou les scénarios pour le cinéma, rien de tout ça n'est évoqué, et cela donne une image très populiste de Sagan.

Ceci mise à part, le biopic suit fidèlement les grands évènements vécus par Sagan et qui sont souvent provoqués par une chance insolente (Le 8 aout 1958, elle rentre dans sa maison de vacances à huit heures du matin après une nuit passée au Casino. Attendue sur le palier par le propriétaire, elle décide de racheter ce manoir avec les huit millions qu'elle a gagnée quelques heures plus tôt !), et motivée par une phrase que lui dira son père quand elle commencera à gagner de l'argent très jeune ; le dépenser !

Bien qu'aurais aimé connaitre davantage l’œuvre de Sagan dans ce biopic, celui-ci n'est pas à négliger, en particulier pour la performance de Sylvie Testud dont on se régale à la voir jouer ce rôle.
Boubakar
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le 22 août 2014

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Boubakar

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