Toutes les aiguilles atteignent le rouge
Après le sombre Blue Velvet, Sailor & Lula pourrait se voir comme son pendant lumineux, au sens premier du terme : ici, tout (ou presque) se déroule en extérieur, au grand jour, sous le soleil éclatant et glacé de la pellicule, jouant avec les codes du road movie et du glamour.
Les perversions chères au maître n'en sont pas moins présentes et c'est sacrément barré, voire culotté dans la façon de mélanger malaise et outrance, au risque que la seconde annule les effets du premier. Cris, orgasmes, hystérie, gore, couleurs saturées, toutes les aiguilles atteignent le rouge. En résulte un produit kitsch et unique, irritant et fascinant, où les acteurs jouent des icônes qui passent du rêve américain white trash aux rives délétères de la Louisiane avec la même énergie théâtralisée.
Lynch, très clairement, ose tout, pas toujours pour le meilleur, mais l'ensemble a sa place dans sa filmo avant la maîtrise et la sérénité maladive des opus qui suivront.