La bande annonce de ce film est vraiment dégueulasse. Moche, sans rythme avec un titre écrit en times new roman rouge vif avec une ombre portée dégueulasse tout droit sortie d'un power-point de 2006 sur le "positionnement stratégique du marché des portails électrique en PVC à destination des particulier de la ville de Poitier". Mais bon, on ne juge pas un film sur la police de caractère de son titre. Et puis si on regarde l'affiche d'un peu plus près, on peu voir les noms de : Benoit Poelvoorde. Le meilleur acteur belge de tous les temps, dont la difficulté à écrire son nom de famille n'a d'égal que son talent. Gerard Depradieu, soit le plus grand (gros) acteur français depuis la mort de Patrick Dewaere. Et pour finir, Benoit Delepine et Gustave Kervern qui font partit selon moi des réalisateurs français les plus inventifs de ces dix dernières années. Et puis bon, il y a aussi Vincent Lacoste, mais ça, on s'en bat les steaks. Il n'en fallait pas plus pour me convaincre de payer les 8€ de mon cinéma.
Je suis un gros fans des films de Delepine et Kervern. J'aime leur coté punk et grolandais. J'aime leur façon de casser les conventions du cinéma. De par le rythme de leur films ou dans la mise en scène. J'aime leur humour absurde et leur poésie surréaliste. C'est sans doute pour cela que j'ai été surpris de ne pas retrouver leur patte si particulière dans Saint Amour. Ou alors seulement de manière très discrète. Alors que le duo nous avait habitué à des angles de caméra biscornues et à de longs plans fixes, ils ont ici préféré une mise en scène plus effacé, presque classique. C'est dommage. D'autant plus que le film ne brille pas non plus par ses décors. Contrairement à leur pote, Bouli Lanners qui magnifie la belgique à grand coup d'angle ultra-large et lumière travaillé, les deux grolandais se contentent de filmer cette France moyenne et déprimante que nous connaissons tous. Des aires d’autoroutes grisâtres, des départementales sans âmes, des villes dortoirs et des ciels nuageux.
Mais si cette mise en scène est si effacés, c'est sans doute pour laisser plus de place à l'immeeeense talents de deux monstres sacrés du cinéma francophone. Depardieu est incroyablement émouvant en agriculteur au cheveux blanc cherchant désespérément à se rapprocher de son fils, Benoit Poelvoorde alcoolo timide, à la fois pathétique et attachant, en manque cruel d'amour et de tendresse. Ce belge a intérêt à gagner le prochain cesar du meilleur acteur, sinon je m'immole par le feu au théâtre du châtelet. Même cette Baltringue de Vincent Lacoste est bon.
On pourra également noter l'importance des seconds rôles féminin. D'ailleurs Saint-Amour est plus un film sur les femmes que sur le vin. Saint-Amour c'est surtout la quête de trois solitaires (un veuf, un timide et un puceau) à la recherche d'un peu d'amour et de tendresse. Cette manière de filmer les femmes m'a beaucoup fait penser à Bertrand Blier et j'avais parfois l'impression de revoir le Depardieu des valseuses, vieilli de 40 ans.
Saint-amour est à mille lieue du nihiliste Near Death Experience. C'est une ode à l'amour et la liberté. C'est un film beau, drôle , touchant, sans prétention. Sans doute le moins typé de la filmographie de Delepine et Kervern, et peut-être le moins bon, mais assurément le plus accessible auprès d'un public plus large.