Depuis quelques années, la comédie s'est imposée comme un genre difficilement maîtrisé par les réalisateurs français, souvent jugée comme basique et redondante de clichés, à la répartie lourde et attendue. Mais parfois, entre les films insignifiants, surgit une perle, une surprise, un éclat. Ainsi surgit Saint Amour.
Ce long-métrage met en scène trois personnages : Tout d'abord, Bruno, lassé par son métier dans la ferme familiale, sombrant dans l'alcool pour oublier ses problèmes multiples. Puis son père Jean, agriculteur mélancolique encore hanté et accablé par le décès de sa femme. Lorsque celui-ci éprouve soudainement le désir de se rapprocher de son fils, il décide d'entreprendre une véritable route des vins à-travers la France, tentant à la fois de satisfaire la gourmandise de Bruno en matière de boissons mais aussi de le sortir de son isolement. Dès le début ce tumultueux périple, le troisième personnage survient, n'étant autre que Mike, âgé d'une vingtaine d'années, chauffeur de taxi à l'allure nonchalante, qui malgré ses premiers abords antipathiques, se révélera au fil du temps être une aide précieuse pour nos deux vagabonds.
Saint Amour s'impose donc vite comme un film d'évasion, relatant un voyage initiatique fantasmé par des protagonistes happés par la solitude, tous trois en quête d'amour et de reconnaissance. Ce road-movie français rappelle, dans son sujet, l'une des œuvres emblématiques de Wes Anderson, The Darjeeling Limited. Ce long-métrage haut en couleurs était rythmé par l'aventure inopinée de trois frères en pleine déchirure, mais que L'Inde, destination de leur voyage salvateur, parviendra inexorablement à réunir. Toutefois le scénario de Saint Amour n'est pas son seul point fort : En effet, ses trois acteurs, plus attachants que jamais, ne peuvent que nous séduire. Dans ce rôle de père de famille empli d'amour et de bonne volonté, Gérard Depardieu, excellant à la fois entre émotion et finesse, est décidément inégalable. Benoît Poelvoorde est tout aussi habile dans son jeu, touchant et hilarant sans jamais tomber dans la lourdeur ou la caricature d'un rôle d'agriculteur finalement plus complexe qu'il n'y paraît. Enfin, Vincent Lacoste, du haut de ses vingt-deux ans, ne démérite pas non plus. De sa fraîcheur juvénile, il parvient plusieurs fois à nous faire sourire et semble doté d'un jeu maîtrisé et efficace. A ce casting réjouissant viennent s'ajouter moult apparitions savoureuses comme celles de Céline Salette ou Michel Houellebecq.
Mais Saint Amour n'est pas la seule comédie française à sortir du lot. Il y a quelques mois, le dernier film de Bruno Podalydès, Comme un avion, était une incontestable réussite cinématographique, alternant entre une sensibilité vive, une poésie rare et une dérision tout en finesse.
Ainsi, je ne peux que conseiller allégrement ce dernier long-métrage de Benoît Delépine et Gustave de Kervern. Saint Amour est indéniablement un film plein de tendresse, qui se déguste, se savoure et s'apprécie avec délice – seul ou entre amis - comme un bon verre de vin.