Il y a certainement un dieu des ivrognes. Il le faut pour que Bruno (Benoît Poelvoorde) soit toujours en vie et à peu près capable de raisonner, après – selon son propre calcul – 2500 cuites. Et ce dieu ne doit pas manquer de tendresse, puisqu’il sait donner une seconde chance, même aux cas les plus désespérés.
Car le paumé Bruno, alcoolique et dragueur lourdingue, ne sait faire que ça : noyer sa peine dans les vins de toute la France au Salon de l’agriculture. Face à ce spectacle, son père Jean (Gérard Depardieu), éleveur de vaches, se désole surtout de la distance entre son fils et lui. C’est pourquoi il décide subitement, après une énième cuite de Bruno en plein Parc des expositions, d’emmener ce dernier sur une vraie route des vins à travers la France.
Galerie loufoque de personnages improbables
À leurs côtés et conduits par le chauffeur de taxi Mike (le nonchalamment drôle Vincent Lacoste), on embarque pour une épopée loufoque à travers la France rurale qui produit du vin. C’est l’occasion, pour nos trois larrons, de croiser une galerie de personnages improbables : le propriétaire d’une maison d’hôtes (l’écrivain Michel Houellebecq) qui laisse tout son logement en location et dort avec femme et enfants dans le garage ; la serveuse d’un restaurant (Solène Rigot), tourmentée par la dette de la France…
Toutes ces rencontres donnent lieu à des scènes parmi les plus hilarantes vues au cinéma depuis le début de l’année. Mais, au-delà de la blague potache, Saint Amour révèle une vraie profondeur dans la rencontre et le rapprochement entre trois hommes tous aussi paumés les uns que les autres.
Comique, touchant et poétique
Jean vit toujours, mentalement, avec sa femme décédée, à qui il laisse des messages vocaux comme s’il donnait des nouvelles à une compagne restée à la maison ; Mike, dans sa solitude, s’invente une vie rangée et profite du road trip pour rendre des visites impromptues à ses ex.
Ce qu’ils recherchent tous, c’est l’amour, filial pour Bruno et Jean, celui d’une femme pour tous. Saint Amour conte le chemin de trois hommes vers l’amour, donc, mais aussi vers eux-mêmes. Benoît Delépine et Gustave Kervern réalisent, une fois de plus, un film à la fois drôle et touchant qui résonnera en chacun. La bande originale, signée Sébastien Tellier, souligne avec justesse le comique ou l’émotion se dégageant du film. Un film dont l’histoire dégage une poésie simple : celle de « vies qui renaissent », ainsi que le dira la principale femme du film (Céline Sallette), qui porte le nom de la déesse de l’amour.
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