Confirmation que Mazuy est une cinéaste façonnée par les flammes, résolument du côté de la rage et de la vie. Saint Cyr est un film de commande, on le sent, le film a ses fragilités, mais je suis toujours impressionné par ce que Mazuy fait surgir entre deux plans, la sécheresse de ses récits et la puissance d'évocation inouïe de leur rythme. Présente à la fin de la séance, Mazuy ne s'emmerde pas à expliquer la construction d'un plan, à parler de ses idées. Elle parle de chevaux et de fric, bref de tout ce qu'on a sous la main pour réaliser un film, ce projet un peu fou, pas maîtrisé du tout. Mazuy ressemble à son idole, Stévenin : un film est un secret qui ne se partage pas. "Saint Cyr" ne se livre pas facilement, et depuis 19 ans qu'elle a accepté ce projet "qui ne l’intéresse pas, parce qu'elle voulait faire un film de guerre", Mazuy a jeté de la clé. Parler des idées n'est pas son job. Rarement on voit des films comme ça en France, taillé à la main, au cordeau, et en même temps complètement foutraque. Mazuy se loupe sept fois sur dix, mais quand quelque chose advient, c'est comme dans Travolta ou Sanchez : des plans qui hurlent la liberté, l'émancipation, le triomphe de personnages qui ont trouvé la vie, quelque part dans la prison de leurs désirs contradictoires. Chaleur dans la salle : Mazuy sait finir un film, parce qu'elle fout le feu.