Ce film du réalisateur portugais Marco Martins nous plonge au cœur de la crise économique et des pratiques parfois peu scrupuleuses qu'elle entraîne au Portugal.
Un film résolument social
Jorge, le protagoniste du film, est un ouvrier. Suite à la crise, son usine est en très grande difficulté et menacée de fermeture. Il n'a pas été payé depuis 6 mois et tente tant bien que mal de gagner un peu d'argent en acceptant des combats de boxe. Face à ces difficultés financières, sa femme Suzanne, menace de partir au Brésil avec leur fils Nelson. Pour convaincre Suzanne de rester au Portugal et sauver sa famille il offre alors ses services à une société de recouvrement.
Les sociétés de recouvrement sont des organismes, nés de la crise, qui rachètent leurs dettes à des personnes en difficulté. Les clients faisant appel à ces sociétés doivent ensuite les rembourser en leur versant une certaine somme tous les mois. Lorsque ces personnes prennent du retard dans le payement, ces entreprises n'hésitent pas à user d'intimidation pour obtenir leur dû. C'est ici qu'intervient Jorge : il doit intimider les clients en cas de retard prolongé de payement, partageant ainsi ses soirées avec deux autres salariés de l'agence. Pendant une grande partie du film le héros n'est que simple observateur, n'ayant pas à intervenir personnellement. On découvre alors une myriade de personnages très secondaires qui représentent ces populations moyennes ayant subi de plein fouet la crise et n'arrivant plus à faire tourner leurs entreprises, usines ou restaurants. Saint-Georges montre avant tout la violence de la crise économique au Portugal. Jorge lui-même a des difficultés à joindre les deux bouts et il se retrouve à écouter les histoires de ces différents clients de la société de recouvrement avec un certain dépit, lui qui semble réaliser l'ampleur des dégâts. Il découvre qu'il n'est pas le seul à subir cette situation défavorable et se rapproche de ces clients endettés, eux qu'il doit intimider pour récupérer leurs payements. À travers ces échanges se déploient deux valeurs clés portées par Saint-Georges que sont un sens indéniable de la compassion et d'humanité, menacées par la violence de cette crise économique et morale.
Un film morne et lassant
Construisant le portrait très juste des conséquences de la crise économique sur le peuple, le film se montre très morne. L'idée de traiter des dérives de la crise en montrant les méthodes peu légales d'intimidation de sociétés de recouvrement est prometteuse mais l’œuvre se montre malheureusement trop répétitive, finissant par lasser son public. Ce n'est que dans la dernière demi-heure que le film prend une autre allure : Jorge se décide finalement à faire son travail et à faire pression sur un client. Alors que les choses tournent mal, Saint-Georges prend un ressort dramatique intriguant et prometteur. Un élan toutefois rapidement avorté, l’œuvre retombant dans une monotonie lassante. Même le jeu remarquable de Nuno Lopes n'arrive pas à impulser une dynamique suffisante au film pour le rendre plus intéressant.
Saint-Georges se révèle être un film qui dresse un portrait très juste de la société portugaise victime des effets désastreux de la crise. Une vision intéressante portée par une riche palette de personnages faisant face aux mêmes difficultés économiques. Malheureusement, faute d'action, le film devient vite long et décevant, épuisant l'intérêt d'un spectateur lassé.
Scotchés