"J'aime les corps sans âmes, parce que l'âme elle est ailleurs."
Bertrand Bonello n'a pas ici la volonté de réaliser un simple biopic, de son film s'évade la fragrance d'une époque évanouie. Ce qui n'est pas pour nous déplaire ...
Ulliel littéralement habité, des costumes tous plus beaux les un que les autres, une mise en scène délicate et efficace, tout ceci distillé dans un savant mélange de glamour et de mélancolie. Ce "Saint Laurent" est un long-métrage bien singulier.
Au-delà des performances des acteurs et de la qualité de l'écriture, le film met en relief le créateur visionnaire face à son époque. Une époque où les conventions ne demandaient qu'à être brisé, YSL était un pionnier, c'est véritablement ce qui ressort du film. La force du film réside également dans la froideur des protagonistes, une froideur qui vient souvent faire écho au génie. Qu'il soit créatif ou pas d'ailleurs. "Saint Laurent" nous présente une panoplie de protagonistes qui se déchirent pour leur passion commune. Au coeur de tout cela se tient le frêle et fragile Yves Saint Laurent, interprété par un Gaspard Ulliel métamorphosé. L'acteur impose énormément grâce à son physique, il demeure sans cesse dans la subtilité, finalement moins cabotin que Pierre Niney.
Pierre Bergé est mit à sa juste place, à travers un Jérémie Renier qui s'avère étonnement juste, ce qui n'est pas vraiment habituel chez lui. On peut aussi noter l'excellente prestation de Louis Garrel.
Visuellement le film est sublime, que les costumes soient beaux c'est la moindre des choses, mais que les images soient empreintes d'un tel onirisme, cela tient du bonus, et c'est très agréable. On a rarement vu une oeuvre aussi stylisée de manière si sobre.
Bonello signe une véritable oeuvre d'art avec son "Saint Laurent", le film est beau et fort. Je n'en n'attendais pas autant.