Le biopic est un exercice assez difficile mais c'est un genre que j'affectionne particulièrement, malgré une lassitude générale. L'exercice le plus difficile est, je pense, d'insuffler de l'originalité dans ce qui pourrait se limiter à une Biographical Motion Picture, c'est à dire un film se limitant à raconter platement la vie d'un personnage aussi mythique soit-il.
Yves Saint Laurent est typiquement un personnage mythique. Je ne porte pourtant aucun intérêt à ce dernier mais le peu que j'en sais confirme ce postulat de départ. Ce que j'ai trouvé du coup intéressant avec ce film est qu'il ne cherche pas à démystifier YSL. On reste à distance du personnage, on n'essaye pas de comprendre les origines et tout le cheminement qui amène Yves à devenir SAINT Laurent. De l'entrée à la sortie du film, on restera devant un personnage étonnant mais insaisissable et c'est ce qui m'a passionné (mais qui pourra en laisser quelques uns sur le côté de la route). Le film se permet même de surprendre sur son dernier quart en explosant les lignes temporelles d'une manière que j'ai trouvé très originale (n'en disons pas plus) dans la construction du film.
En outre, Bonello se permet de parler d'art en général. Pas que de mode. On parle de l'art et de l'industrie, de la création et du business, représentés par deux pôles que sont Saint Laurent et Berger. Le film est donc aussi très intéressant de ce point de vue, à travers de nombreuses scènes (les premières, la scène de business épuisante, l'instant créateur etc.).
D'un point de vue formel, Bonello confirme ce qu'il avait déjà démontré avec son précédent long-métrage, il rend quelque chose de très esthétique et de très beau. De nombreuses scènes sont, de ce point de vue, formidables. On en prend plein les yeux et la réalisation est très stylisée (le contraire aurait été dommage vu le sujet ceci dit). Plusieurs idées apportent beaucoup à la narration par ailleurs, que ce soit la réalisation ou le montage.
Au final, ce Saint Laurent est une relative surprise pour moi. Le sujet ne m'intéresse guère mais j'ai trouvé autre chose. Bonello a su respecter son sujet tout en insufflant quelque chose de personnel (voire la fin). Bref, une réussite.