Maud, infirmière à domicile, au passé trouble (mais l'on n'en saura pas plus) a une nouvelle patiente, Amanda, en phase terminale. C'est tout mais cela suffit à Rose Glass pour installer peu à peu un climat délétère. Parce que Maud est une illuminée, seule au monde, et que Amanda restera une épicurienne, jusqu'au bout, et que la première est bien décidée à sauver l'âme de la seconde. Petit film a priori, Saint Maud exploite la quintessence d'un dispositif minimaliste, tirant parti de ce que l'on considèrerait comme des défauts dans tout autre film : l'usage constant d'une voix off, qui dévoile les pensées de son héroïne et la divine mission qu'elle se croit assignée ; une intrigue unique et concentrée, qui n'offre aucune autre perspective ou point de vue. Cette radicalité narrative emmène le récit très loin et dans une sorte de folle logique, avec un final éblouissant et létal. Rose Glass ne tombe pas dans les travers habituels de l'épouvante et la sobriété de sa mise en scène n'en rend que plus efficaces ses reflets gothiques et ses quelques effets qui, en d'autres mains, auraient pu sembler ridicule. S'y ajoute une utilisation intelligente d'une musique plus atmosphérique qu'angoissante et du décor désuet d'une station côtière d'une tristesse infinie. L'interprète principale, Morfydd Clark, n'en fait pas trop dans le style "possédé" et Jennifer Ehle lui répond avec l'élégance fanée qui sied parfaitement à son rôle. Un œuvre prometteuse d'une primo-réalisatrice britannique dont on se demande bien comment elle saura gérer les moyens plus importants qu'elle aura nécessairement pour son prochain long-métrage.