Saint-Tropez blues vaut surtout pour la curiosité de voir Jacques Higelin et Marie Laforet (très belle) à leurs débuts. On sent plein d'influences mal digérées dans cet objet cinématographique hétéroclite, à commencer par la bande son. Pourtant ascenseur pour l'échafaud avait déjà quelques années, et on ne comprend pas ce que Miles Davis vient faire dans cette galère. C'est un des éléments dissonants dans ce film.
Le deuxième écueil est dû à l'indigence du scénario : deux jeunes parisiens viennent passer une semaine à Saint-Trop' pour tromper leur ennui. Mission non remplie, car l'ennui gagne même le spectateur.
Troisième écueil, la réalisation qui fait irrésistiblement penser à celle d'un navet de la même époque, Tintin et le mystère de la Toison d'Or: mouvements de caméra, éclairage, alternance des plans.
Marie Laforet a fort heureusement fait des progrès dans l'interprétation depuis ce film. Pour ce qui est d'Higelin, il a sans doute eu raison de changer de vecteur de création.
Marcel Moussy, très probablement conscient de ses limites, a fait intervenir certains amis dans le casting, comme Chabrol par exemple, mais cela ne suffit pas à ce qu'on trouve un quelconque intérêt à cette pochade sensée illustrer(?) la découverte de la bourgeoisie par deux blancs becs. Je défie n'importe quel spectateur de dire, à chaque moment du film, ce qui s'est passé durant les dix minutes précédentes. Une carte postale des années 60 hyper colorisée, mais légère comme une baudruche.