Un Enchantement au Poil

Avec la complicité de Cédric Louis, les courts-métrages de Claude Barras prennent une couleur plus sombre tout en gardant cette poésie suggestive des non-dits, l’art de narrer sans un mot

des histoires claires pleines d’émotions et de magie.

Sainte-Barbe, stop-motion de personnages physiquement hideux mais au tempérament bienveillant, dans un univers inspiré de Tim Burton, joue de cet équilibre avec merveille.

Le tic-tac de l’horloge marque l’incessant temps qui passe dans la chaumière d’un couple dont le pauvre fils n’a plus un cheveu sur le caillou cicatrisé quand le père dispose pourtant d’une barbe magique, capable de transformer en un instant les chenilles en papillons. La vie y est douce et le paternel câline son fils lors d’interminables siestes sous l’œil mauvais d’une mère un poil aigrie par la rugosité de cette pilosité qu’elle n’apprécie guère.
Quand le père meurt, la voilà qui le tond pour l’enterrer. Le fils récupère alors les poils perdus pour les enfouir au fond des bois.

Animation magique d’un stop-motion méticuleux,

superbes jeux de lumière dans le décor arboré d’une forêt angoissante et scénario simple pour une efficacité immédiate, les deux compères continuent d’explorer une forme de poésie désœuvrée qui enchante par sa sensibilité autant que par l’espoir et la foi en l’enfance qu’elle transporte. Un court au poil pour chanter la magie lugubre de ce qu’on comprend de ses aïeux après leur départ.

Triste enchantement.