Beaucoup de sujets dans un même film
Même si Claude Lelouch a voulu que Salaud on t'aime soit un film entre le mélo et la comédie, genres qu'il affectionne, ses changements de cap scénaristiques ont de quoi dérouter. Avec le personnage de Johnny, sorte de prolongement de lui-même avec ses femmes et ses filles, le réalisateur part sur le sentiment de cet homme qui se sent délaissé par sa progéniture au crépuscule de sa vie.Et son meilleur ami met au point un stratagème pour lui redonner le sourire. Soit.Première étape. Comme Claude Lelouch ne veut pas uniquement partir sur cet aspect uniforme,il rajoute des éléments à l'intrigue pour plusieurs niveaux de lecture. Partie d'une comédie familiale, le film fleurera aussi avec le polar dans le dernier tiers.Un genre de twist que le réalisateur aime à utiliser depuis Roman de gare.
Même si Claude Lelouch est un réalisateur confirmé et reconnu par une certaine critique, la variation des sujets abordés sonne comme un patchwork too much. Même si le réalisateur sait jouer avec les changements de tonalité, la masse d'informations a du mal à rentrer en cohérence. Et c'est tout ce qui fait l'habileté d'un scénario à la base.
Au niveau interprétation, Sandrine Bonnaire et Eddy Mitchell ont de loin les rôles les plus en connexion avec Johnny Hallyday (personnage principal). C'est grâce à eux que l'histoire luit et tient encore la route car ils sont les ultimes proches de Kaminsky dans cette période de sa vie.
Depuis les Parisiens, Claude Lelouch a décidé de faire les films qu'il souhaite.Sa boite de production,les Films 13, lui permet d'avoir une certaine marge de manoeuvre. Les fans de la première heure de son cinéma, marqués par ses scènes d'exposition riches et son utilisation de la musique, ne le retrouvent donc pas totalement. La vraie mutation de Claude Lelouch est donc de marquer un autre public qui le découvrira autrement. Un choix courageux pour un réalisateur qui ne veut plus balbutier un cinéma pour la galerie et se faire plaisir. Une démarche que je respecte et reconnais à sa juste valeur.