Je ne sais pas trop quoi penser de ce film. J'avais beaucoup le seul film de Shakhnazarov (aujourd'hui PDG de Mosfilm ) que j'avais vu, à savoir le Coursier, une romance émouvante et bien foutue dans un contexte de fin de l'Union soviétique. D'ailleurs, je vais voir son dernier film demain matin, l'Amour en URSS, je me demande bien ce que ça va donner.

Bref, le Coursier était un film léger et beau où Shakhnazarov faisait montre d'un vrai talent pour reconstruire l'identité de Moscou.

Avec Salle n°6, exit la légèreté. Le cinéaste nous plonge dans l'univers étouffant des hôpitaux psychiatriques russes, le film est d'ailleurs tourné dans un réel asile avec de vrais malades. D'ailleurs, en parlant de vérité et d'authenticité, le réal a choisi une mise en scène qui alterne 3 dispositifs : le faux reportage, la fiction pure, et des passages filmés en super 8. Le premier dispositif est sacrément bien foutu parce que l'on ne sait jamais vraiment où s'arrête le documentaire et où commence la fiction. Il faut dire que le réalisateur s'est entouré, en plus des vrais aliénés qu'il filme, d'une poignée d'acteurs incroyables. Et je tiens à insister là-dessus. Vladimir Illin dans le rôle titre est magistral, qu'on se le dise. Et les autres acteurs (mais là encore, et c'est la force du film, difficile de savoir qui est acteur et qui ne l'est pas) ne sont pas en reste.

Bref, les plus beaux passages du film (et il y a 2-3 passages qui sont sublimes, notamment l'avant-dernière et la dernière scènes) se situent dans cette partie faux reportage.

Je suis beaucoup moins convaincu par la partie fiction. Alors si les dialogues claquent violemment (et c'est le fait de la pièce de Tchékov puisque le texte est repris tel quel) avec des questionnements philosophiques et métaphysiques des plus intéressants, j'avoue que la construction générale du film (trop court, un peu expédié) me laisse sceptique. Et il y a un passage que je déteste, c'est le moment où Illin va à Moscou, on se tape un montage dégueulasse d'images publicitaires pendant 2 minutes. Ca fait un peu mal au cul quand le Coursier arrivait justement à reconstruire Moscou, comme je l'ai dit, de façon très convaincante. Alors peut-être que l'effet est voulu, je ne sais pas.

Et puis, je me demande si cette mise en scène docu-fiction n'est pas un peu vaine, à moins qu'elle cherche à nous faire perdre nos repères pour nous identifier totalement au personnage de Illin. J'ai un doute et je ne trouve pas forcément le procédé très pertinent, tout comme ces images de super 8 qui sont assez platement illustratives.
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le 29 nov. 2013

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Critique de Salle n°6 tchekhov par Nwazayte

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