Les yeux qui rougissent, la mâchoire qui tremble, les épaules qui se contractent et les poings serrés. Le cœur et l'estomac dans un champ d'orties: réaction physique à Saló ou les 120 Journées de Sodome. Quel chef d'œuvre. Quel chef d'œuvre insurmontable, insupportable. L'œil coupé d'Un Chien Andalou était déjà trop pour mon petit corps. Ce film est au fond un film sur le pessimisme, sur tout ce que le pouvoir donne de malsain aux enfants oubliés. Une sorte de grandeur, de cri du cœur qui n'est qu'un muscle. Un muscle qui accélère ou s'arrête au gré des pulsions sexuelles et rien d'autre. Il n'y a pas d'amour, que des feuilles que l'on cueille dans un jardin que nous nous sommes réservé. Il n'y a pas de croyances, que des frustrations et des complexes. Le but est la grandeur et la grandeur est le mal.
Le monde le crie et l'écrit depuis des années: "ce film est impossible à aimer". Ce film ne s'aime pas, ce film exclu l'amour. Ce n'est qu'un vomi de bile noirâtre, un chant de haine et de révolte d'un homme à Mussolini. Voilà une œuvre qui vide notre corps de tout ses états d'âme pour installer une révolution en nous, une révolution qui n'est pas la notre mais qui propage dans nos veines du sang haineux et dégoûté.