Dès le début, Salo ne nous épargne rien. Tout est montré avec un réalisme cru, sans rien cacher. Il y a dans cette suite d'actes répugnants quelque chose qui se construit, qui s'accumule, et qui fait qu'on est poussé à bout au fur et à mesure. Mais tout est fait pour éviter le choque facile, tout est filmé sans surligner, pour garder un regard distant presque pudique par rapport aux horreurs. Ca fait presque penser à Nuit et Brouillard, et on pense au camp en voyant ces 9 hommes et femmes deshumanisés. C'est presque comme si Pasolini par un détournement, par une fiction arrivait à filmer l'horreur des camps, ou quelque chose qui capturerait l'horreur des camps.
J'ai aussi pensé à Huysmans, cité dans le film d'ailleurs, pour la façon dont sont dépends ces grands bourgeois qui tentent de pousser jusqu'au paroxisme le pire en tout. Pasolini se moque finalement d'eux, ne les présentent justement jamais comme grand ou puissant. Ils apparaissent toujours bouffi, ridicule, même quand ils comettent les pires crimes. Cela fait penser à la scène de messe noire d'A Rebours, ou le personnage de Huysmans se rend compte de la vacuité de cette messe, du ridicule de cette recherche du mal, qu'on retrouve chez Pasolini.
C'est finalement le groupe que Pasolini tante d'agrandir, de cette masse d'individus que rien ne distingue clairement.