Eat the Rich!
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Crevons l'abcès tout de suite : le film n'a rien de subversif, encore moins de révolutionnaire, que cela soit sur la thématique ou sur son traitement, moral ou esthétique. Au contraire, il est assez symptomatique d'une certaines production actuelle qui pensent que le trash du sexe ou de la drogue représente un défi de représentation et de mise en scène. Ce qui est faux, ou du moins ce qui aurait été vrai... 50 ou 60 ans auparavant, quand l'industrie Américaine était encore puritaine et marquée par des années d'auto-censure.
Pour autant, j'aurai été prêt à défendre le film, qui possède des qualités indéniables : la photographie de linus sandgren, oscarisé avec la la land, qui magnifie les décors (particulièrement l'intérieur du château) ; le jeu d'acteur assez égal (bien qu'un Barry keoghan en deca de ce qu'il a déjà donné) ; et, avouons le, la plastique de Jacob Elordi, qui fait plaisir à voir tant on est attiré par sa figure de jeune bourgeois charismatique. Je voulais croire à cette amourette à sens unique, à la vision d'un vrai fantasme d'été, à la fois d'un homme et d'un monde.
Cependant, Saltburn s'effondre dans sa dernière partie, avec un "twist" à la fois débile et détestable.
Le personnage du jeune prolétaire jaloux, qui avait tout prévu depuis le début, qui est à la fois un trope vu et revu de méchant de film, et en même temps qui essaye d'apporter une nuance, qui crie au spectateur "haha vous vous êtes fait avoir aussi" en se pensant plus intelligent et subversif, parce qu'on a pu apprécier ce personnage. Mais dans un film qui suit entièrement ce même personnage, si la mise en scène ne nous donnes pas toutes les clés de compréhension, implicitement ou explicitement (ce que le film fait), c'est lui qui se ridiculise, en essayant de nous imposer une sorte de personnage gris qu'on a du apprécier et qui est au final un monstre calculateur (forcément difficile à deviner si rien ou très peu ne nous laisse présager cela). Le film se vautre alors à la fois dans le cliché le plus débile, le cynisme le plus crasse et se pense plus intelligent qu'il ne l'est. La scène de fin vient
achever cette œuvre au relent particulièrement bourgeois, ou le prolétaire est un jaloux qui déteste la bourgeoisie et qui se sert de leur charité pour les détruire de l'intérieur. Au final, c'est cela que l'on peut retenir de Saltburn : un fantasme de la bourgeoisie qui croit dure comme fer à une vengeance et une machination contre elle.
Malgré toutes ses qualités indéniables, le film rate son atterrissage et, malheureusement pour lui, par effet domino inversé, rate tout ce qu'il a su faire avant.
7in
Créée
le 30 déc. 2023
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