Mi-figue, mi-raisin, le film d'Yves Robert alterne la comédie pure et l'étude psychologique. Dans les deux cas, Marcello Mastroianni en est le sujet fébrile, lui qui navigue à vue entre une vie professionnelle précaire et une existence familiale et sentimentale incertaine.
Intermittent du spectacle, comme on dit aujourd'hui, et divorcé, Nicolas court le cachet et les rôles de figurant le jour (des rôles où bien souvent il est condamné à mourir aussitôt arrivé sur scène!) et doit composer le reste du temps avec son ex-famille et sa maitresse.
Yves Robert brosse le portrait d'un homme qui voit approcher la cinquantaine et qui n'a rien construit de solide, menant en somme la vie d'un funambule en équilibre fragile. Dans les moments sérieux, le style du film et du co-scénariste Jean-Loup Dabadie rappellent manifestement le cinéma de Claude Sautet et ses personnages en crise. En revanche, quand Yves Robert décrit l'univers professionnel et artistique (cabaret et plateau de tournage ou de doublage, publicité et scènes de théatre) qui est celui des comédiens de second ordre, voire de dernier ordre, la comédie reprend ses droits à la manière du cinéaste: drôle, chaleureuse, humaine. C'est à ces moments de comédie, et notamment à la relation entre Nicolas et Clément (Jean Rochefort), son collègue et ami, qu'on sera le plus sensible, plus en tout cas qu'aux démêlés sentimentalo-familiaux qu'on jugera peut-être assez conventionnels. Les personnages n'en demeurent pas moins très attachants.