Critique de Salut la puce par peppinacoop
Pendant le confinement çà fait du bien de revoir Jean Lefevre et d'autres ..
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le 22 mars 2020
Quatre marginaux parisiens vivent d'expédients à proximité des quais de Seine."Salut la puce" est le troisième film en trois ans tourné par Richard Balducci avec Jean Lefebvre.Balducci,qui était écrivain à ses heures,adapte ici son propre roman,dont il signe l'adaptation et les dialogues avec Jean-Claude Massoulier,avec qui il avait écrit l'année précédente le scénario de "N'oublie pas ton père au vestiaire".Massoulier,animateur de radio plutôt connu à l'époque,était aussi comédien et tient un rôle de flic sympa dans le film.Balducci,spécialiste de la grosse comédie qui tache,a voulu innover en mâtinant sa branquignolade d'une bonne dose d'émotion par le biais des rapports entre Robert,le personnage principal,et son fils de dix ans.En outre,le réalisateur s'est essayé à dépeindre un petit monde d'exclus vivant en marge de la société,fait de hippies,de gitans,d'artistes de rue et d'aristos de la cloche.Robert et ses potes survivent chichement en jouant de la musique,en déclamant des vers,en faisant les poubelles ou en arnaquant les gogos au bonneteau,dépensant l'essentiel de leurs gains en picolant du pinard au bistrot.Toute cette fausse poésie frelatée ne convainc guère,et ce ne sont pas les scènes larmoyantes entre Robert et son gamin qui arrangent le tableau,le papa alcoolo se doublant d'un mytho qui raconte au petit ses navigations à travers les océans alors que,comme le dit sa femme,il n'est jamais allé plus loin que l'écluse de Bougival.Ca se veut pittoresque,émouvant,drôle et picaresque,ce n'est que mièvre,lourd,stupide et lugubre.La réalisation de Balducci est comme de coutume d'une infinie platitude et d'une grave incompétence.Non seulement l'action est mal rythmée,mais les échanges verbaux le sont aussi,ce qui aboutit à une narration sans aucune densité.Pour ce qui est du scénario,il n'y en a pas vraiment,il s'agit d'une chronique.Mais c'est un genre qui exige un certain doigté dont sont dépourvus les auteurs de ce film.Il aurait fallu dessiner des personnages dotés d'une réelle profondeur et imaginer des situations ayant un minimum d'intérêt,toutes choses absentes ici.Et ce n'est pas la pitoyable intrigue policière en forme de cheveu sur la soupe arrivant dans la dernière partie qui relève la fadeur du plat.Quant aux gags,ils sont d'une telle bêtise,d'une telle pauvreté et d'une telle paresse qu'ils n'arracheraient pas un sourire à un fan de Lagaf shooté au Prozac.Pour masquer la faiblesse de l'ensemble,le cinéaste nous balade en divers points folkloriques de la capitale,du Marché aux Puces au Paradis Latin,en passant par une fête foraine ou la péniche amarrée aux quais sur laquelle vit le héros.En bonus,on assiste à un défilé du premier mai où on aperçoit Georges Marchais en personne!Jean Lefebvre,grand acteur comique,est ici fort peu à l'aise dans ce rôle en demi-mesure écrit avec des moufles.Ridicule dans son costume de marin d'opérette,il ne trouve jamais le ton juste et ses séquences "émouvantes" avec le môme ressemblent à de la drague pédophile.Balducci en a fait un trompettiste,tout comme il en avait fait un flûtiste dans "N'oublie pas ton père au vestiaire",sans doute pour satisfaire le goût musical de l'acteur,chanteur lyrique à l'origine.Ses comparses,moins exposés,s'en sortent mieux et fournissent des prestations excellentes vu le contexte,qu'il s'agisse de Pierre Tornade et Jean-Marie Proslier,permanents de la comédie Z,ou de Georges Géret,habitué à des productions plus ambitieuses.Beaucoup de comédiens gambadent à côté de leurs pompes,à l'image de la jolie blonde de service,l'allemande Ursula Fellner,ex playmate.On n'a jamais vu une actrice arborer un air aussi niais sur un écran.Le petit garçon,Mathieu Armilhon,est également un sacré boulet.Heureusement,on ne reverra ni l'un ni l'autre après ça.Par contre,il est très plaisant de voir surgir au détour d'une scène de savoureuses figures d'antan comme Philippe Clay,marionnettiste étrange,Max Montavon en folle tordue,Fred Pasquali,receleur chafouin,ou Jean -Marie Vauclin en dadais gauchiste haranguant la foule.La musique,assez minable,est de Francis Lai,qui n'a donc pas travaillé que pour Lelouch,et on trouve parmi les assistants François Velle,le fils de Louis,et Jean-Paul Feuillebois,qui réalisera l'année suivante son unique film,l'immortel "Comment draguer tous les mecs?".
Créée
le 29 août 2018
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