Suite à des problèmes personnels et professionnels, le journaliste et photographe Richard Boyle (James Woods) part avec son ami D.J ,Docteur Rock (James Belushi) au Salvador, pays en pleine dictature. Il va tenter de récupérer des images de cette guerre civile ignorée des médias...
En 1986, Oliver Stone est plus connu pour les films qu'il a scénarisé ou coscénarisé (Midnight Express, Scarface, L'année du dragon..) que pour ses 2 premiers longs métrages (La reine du mal en 1974 et La main du cauchemar en 1981).
"Salvador" est tiré d'une histoire vraie. Le scénario est d'ailleurs coécrit par le "vrai" Richard Boyle avec bien sur Oliver Stone. Le cinéaste trouve son style avec ce long métrage. Et quelques unes de ses obsessions.
Les dialogues font allusion à la guerre du Vietnam (Oliver Stone est le réalisateur du Vietnam !) puisque Richard Boyle y a participé.
Et une critique des médias puisqu'il dénonce l'absence d'information et leur manipulation ce que Stone fera à nouveau dans le brillant "J.F.K".
Et évidemment il dénonce la dictature du Salvador.
Tout est filmé du point de vue de Richard Boyle. On le voit changer: de journaliste photographe en mal de succès il devient compatissant et s'humanise en découvrant l'horreur (certaines scènes sont saisissantes, en particulier dans la deuxième partie du film plus dynamique). Mais aussi l'amour qu'il va avoir pour Maria (Elpidia Carrillo).
Oliver Stone s'est offert un solide casting : John Savage est excellent en photographe reporter, James Belushi trouve un de ses meilleurs rôle, Elpidia Carrillo est émouvante. Et puis bien sur James Woods qui est habité par son personnage: il lui donne son humour, sa colère et son humanité. Un de ses plus grands rôles sans aucun doute.
Plusieurs films qui traitent de journalisme et dictature ont été réalisés dans les années 80 comme "L'année de tous les dangers" de Peter Weir ou encore le trop méconnu "Under Fire" de Roger Spottiswood. "Salvador" s'inscrit dans cette lignée avec ces images fortes et ce parfum d'authenticité.
Malgré d'excellentes critiques dans l'ensemble, "Salvador" sera un gros échec commercial: il rapportera à peine 1 million 500 000 dollars... En France il n'attirera même pas 170 000 spectateurs... Heureusement les professionnels vont le remarquer et le film vaudra à James Woods une nomination aux oscars et il sera aussi nommé pour son scénario. C'est sans doute grâce à cela que les studios lui feront confiance pour réaliser quelques mois après "Platoon" qui changera sa vie.
"Salvador" reste aujourd'hui relativement méconnu et mérite d'être mis en avant. Personnellement je le considère comme un des 3 meilleurs films d'Oliver Stone (au côté de J.F.K. et Né un 4 juillet ). Et cette fin qui ne peut qu'hanter tous ceux qui le voient....