Retitré "Confinement" pour sa sortie française en DVD, c'est un titre qui lui correspond assez bien et que je reprendrais pour la critique. Soyez rassurés, je ne ferais pas de mauvais jeux de mots en lien avec l'actualité.
(La chance)
Le film commence comme une comédie sociale à l'anglaise, mais prendra bien vite des détours bien plus angoissants. Il démarre avec Jodie, une adolescente comme les autres que son père dépose chez sa mère, Beth, dans un petit quartier pavillonnaire anglais pour y passer les vacances de Noël. Les relations qu’elle a avec elle sont assez tendues. Quand elle arrive et voit sa mère au lit avec un homme, elle prend la fuite et se réfugie chez une vieille amie. Beth veut récupérer sa fille mais un commando de forces spéciales arrive, tue un homme ensanglanté et force tout le monde à rester chez soi. Beth ne l'entend pas ainsi, elle veut réparer ses torts mais les habitants du quartier sont décimés, quand ils ne sont pas attaqués par ces forces spéciales.
Filmé avec une certaine économie de moyens, le film de Lawrence Gough se montre pourtant maîtrisé d’un bout à l’autre, bien plus que d’autres productions. Dès le début, il arrive à créer de l’attachement pour ses personnages, en montrant l’importance du lien entre le père et la fille grâce à ses dialogues bien écrits. Puis il arrive à faire passer la mère de mauvais exemple au statut de personnage principal, malgré cette introduction un peu cavalière. Beth apparait alors comme une femme forte mais culpabilisée par son passé. Malgré l’angoisse du film et une distribution très resserée, il prend la peine de développer ses personnages ou bien de les faire disparaître de l'écran pour mieux s’inquiéter de leur sort, comme avec Judy. Le duo de départ entre Beth et son plan cul apporte aussi un regard assez particulier, tous deux font ce qu’ils peuvent, à la fois dans leurs vies personnelles et pour survivre face à ce confinement imposé.
S’il use de « bouh ! » un peu trop explicites, l’ambiance du film se distingue par une angoisse véritablement bien tenue, où le danger peut provenir aussi bien du décor, de l’intérieur ou de l’extérieur, que des personnages, un voisin, un soldat ou une autre menace. La paranoia du film est bien rendue. Les personnages évoluent dans le décor, tout comme la caméra. Cette quarantaine semble d’autant plus plausible que l’œil de l’objectif semble être avec les personnages, piégé lui aussi. La réalisation est de qualité, au plus proche des personnages, sachant capturer les moments les plus difficiles.
Le film utilise une poignée d’acteurs, Neve McIntosh, Shaun Dooley ou Linzey Cocker, peu connus mais pourtant touchants dans leurs émotions contrariées. Il prend place dans un unique décor avec lequel il joue à merveille, où l’horreur se cache autant dans la chambre d’à côté que derrière le rideau.
Pour la petite anecdote, les décors du film sont ceux du célèbre soap-opera anglais Brookside, un véritable quartier pavillonaire qui a servi pour le show de 1982 à 2003. Mais avec Confinement, ce n’est plus le même ton.
Et pourtant, il ne laisse en rien transparaître de son manque de moyens, au contraire il le contourne en misant sur ce qui ne se voit pas, quand la peur est celle d’une menace qui ne s’affiche pas. Le film est âpre et tendu, angoissant d’un bout à l’autre, peu importe la véritable menace.