En 1950, le corps sans vie de Salvatore Giuliano a été retrouvé dans la cour d'une maison en Sicile. A partir de flash-back et de morceaux fragmentés de la vie du révolutionnaire, le film va montrer sa progression au sortir de la guerre pour l'indépendance de la province italienne.
Dès le début, le ton est donné ; la caméra de Francesco Rosi va filmer, je dirais même scruter ce cadavre, pas exquis, d'un homme tué par balles, le sang ruisselant, et dont la disparition va susciter beaucoup d'émotions. En tant que français, je ne connaissais pas du tout la vie de cet indépendantiste italien qui s'est battu pour la liberté de sa Sicile, mais j'aime beaucoup l'approche quasi documentaire qu'a Rosi sur cette histoire. Car il est à noter qu’excepté cette fameuse mort, on ne verra jamais vraiment Giuliano, mais en tout cas ce qu'on ressent, c'est la forte influence que son combat avait sur les habitants locaux, où on peut y voir, avec des guillemets, une sorte de Che Guevara italien. Ou d'ailleurs, c'est troublant, Rosi le filme sur son lit de mort exactement comme la propre mort du rebelle cubain des années plus tard, allongé de manière quasi christique.
Dans un noir et blanc charbonneux, on voit aussi la guerre intestine que se livrent les indépendantistes non seulement sur le terrain, mais aussi entre eux, avec tout un focus sur son bras droit, Gaspare Pisciotta, soupçonné de l'avoir assassiné. D'ailleurs, la plupart des acteurs sont tous amateurs, si on excepte ce dernier joué par Frank Wolff ou Salvo Randone qui joue le président de la cour d'assises lors d'une dernière partie consacrée à un procès éprouvant.
En tout cas, on sent que Rosi a appris de son mentor Luchino Visconti dans son approche documentaire et loin de glorifier le personnage Salvatore Giuliano, il en fait quelqu'un au fond d'insaisissable, par les yeux de ceux qui l'ont connu.