Je me suis lancé dans ce film avec un a-priori positif, n'étant pas forcément systématiquement arqué contre les comédies à la française. Comme beaucoup, j'avais bien apprécié Intouchables et je croyais vraiment en la possibilité de ce film. Au point même de trouver, a priori toujours, les notes de mes éclaireurs un poil trop sévères.
On ne devrait pas avoir d'a-priori...
Pour faire simple (parce que ce film ne mérite pas qu'on s'y attarde trop), Samba est un concentré de déjà-vu mélangé à des préjugés qui, à force de vouloir faire anti-racistes, en viennent à véhiculer les mêmes images abrutissantes et avilissantes concernant les immigrés africains, le tout enrobé dans de la bien-pensance mielleuse et huileuse qui, en fin de compte, rappelle que les pauvres Africains sont bien à plaindre et que nous, qui sommes privilégiés, devons leur donner un peu de nos miettes pour qu'ils puissent subsister...
Pour le déjà vu, on a une série de gags éculés que l'on voit venir d'aussi loin qu'un travelo espagnol velu grimé en danseuse de flamenco. Les chaussures jetées, le Brésilien d'Alger, jusqu'à un final pathétique de ridicule...
Mais encore, que Samba soit une comédie pas drôle (ou presque pas : en toute honnêteté il y a bien quelques gags réussis, exclusivement grâce à Omar Sy), ce n'est pas vraiment un crime (si c'était puni par la peine de mort, ça ferait longtemps qu'on serait débarrassé de Christian Clavier et BHL).
Non, le pire, ce sont les images véhiculées par le film. Omar qui imite un accent africain manifestement volé à Michel Leeb en roulant de yeux ronds comme des syndicalistes un soir de congrès de la CGT à Boulogne-Billancourt, tandis que l'acteur censé incarner son oncle fait des gestes de sorcier marabout, ça va bien cinq secondes, mais deux plombes, ça gave un peu.
Surtout que si c'était dans un but parodique, ça passerait encore. Mais le pire, c'est que tout ce cirque de faux Africains est du plus grand sérieux. Les cinéastes sont manifestement convaincus de faire un film salutaire au genre humain en donnant une image juste des immigrés clandestins. C'est là que cette accumulation de clichés cesse d'être comique pour devenir 1°) gerbant 2°) très significatif sur le profil psychologique de ceux qui ont fait le film et de ceux qui, selon eux, en seraient les spectateurs putatifs. Un film clairement fait pour attirer un public bien bourgeois en quête d'une bonne conscience quelconque.
"Ce film a le courage de parler de l'immigration clandestine, des camps de rétention, du travail au noir, etc.", pourra-t-on me répondre, considérant ma désapprobation comme une preuve de mon manque de cœur face à des situations humaines horribles.
Certes. Mais présenter la situation de l'immigration clandestine telle qu'elle est abordée dans le film, c'est desservir le propos. En ridiculisant les personnages, on avilit le drame qu'ils vivent. C'est le discrédit jeté sur l'ensemble du propos suite au n'importe quoi cumulé du scénario, de la réalisation et de l'interprétation. Il ne reste plus qu'un film opportuniste qui pue.