Un ouvrier de 24 ans passe son temps après le travail à boire au pub du coin ou coucher avec sa maitresse, qui est un peu plus âgée que lui, et est une épouse d'un de ses collègues dans la même usine. Son existence morne va être bouleversée quand il va rencontrer et tomber amoureux d'une femme de son âge ; cependant, sa maitresse va lui annoncer qu'elle est enceinte de lui.


Film très important dans le cinéma anglais, Samedi soir, dimanche matin est non seulement les débuts derrière la caméra de Karel Reisz, mais aussi ceux d'Albert Finney, qui a l'âge du rôle. De plus, la réalité quasi documentaire de l'histoire va lancer à lui seul la vague du free cinema, équivalent britannique de la Nouvelle Vague, où suivront dans la brèche Lindsay Anderson et Tony Richardson. Comme je le disais, le film marque aussi dans sa liberté de ton, aussi bien dans l'évocation de la sexualité ou le langage parfois cru, mais aussi dans le jeu d'une grande modernité de Albert Finney, que je trouve éblouissant pour ses premiers pas au cinéma. Car il est déjà juste, dans un corps déjà massif, et représente quelque part l'Anglais type qui veut s'émanciper de son travail et éviter, tout comme son père, de s'y abrutir. D'où le désir de conquêtes féminines, de faire ce qu'il désire même s'il en paie le prix fort. D'ailleurs, tout est dit lors du final magnifique lors d'une partie de pêche où son ami lui demande pourquoi il a toujours l'impression de se battre ; pour ne pas finir comme ses vieux.


A travers Albert Finney, c'est le portrait, typique ou non, d'une jeunesse qui a envie de changement, tout comme ses contemporains de la Nouvelle Vague, et Karel Reisz le montre dans un noir et blanc sublime et une mise en scène qui fait parfois penser à du Godard à suivre les acteurs caméra à l'épaule. Dont l'acteur principal la grande majorité du temps. Même si tout n'est pas parfait, notamment la fin que je trouve un peu abrupte, ou la voix off de Finney qui donne l'impression d'être dite dans une pièce à fort écho, Samedi soir, dimanche matin est un film éblouissant, où les germes du changement sont là, et cinématographiquement puissant.

Boubakar
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le 30 juil. 2023

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