"Voici une rareté de Stephen Frears, presque introuvable en France, sortie à l'époque en VHS et jamais rééditée depuis... Nous avons numérisé une de nos VHS, soyez conciliant avec la qualité de l'image, bonne projection." On était enthousiaste. Et on a vite déchanté. Sammy et Rosie s'envoient en l'air porte bien son titre : on y suit principalement une intrigue de découche entre quelques personnages, accompagné d'un rythme plus que soporifique, et d'un cruel manque d'enjeux extérieurs (l'arrivée du père qui est un ex-bourreau et est poursuivi par le fantôme d'un chauffeur qu'il a violenté... C'était une bonne idée, encore fallait-il l'exploiter) ou de diversification (de trop rares scènes d'engagement pour les prolos anglais - telle la scène du démantèlement du camp de réfugiés - qui nous réveillent trop ponctuellement). On s'est copieusement ennuyé, on a même sursauté en piquant du nez au milieu du film, bien que les voisins de siège ne nous en ont pas tenu rigueur (pour cause : ils s'ennuyaient eux aussi fermement), et la fin de la projection s'est soldée sur un silence étonnant (le seul film du festival à n'avoir pas été applaudi). Revoyez plutôt le très bon My Beautiful Laundrette, qui met les pieds dans le plat de façon plus puissante, dérangeant une société anglaise puritaine trop clichée, qui parle de relations amoureuses libres sans qu'on ne sente jamais nos paupières se fermer une seconde, qui remue le passé houleux de ses personnages - bien écrits et encore mieux interprétés - de façon si fine... Sammy et Rosie s'envoient en l'air, face à un My Beautiful Laundrette, n'a pas beaucoup d'attraits, semble même en être le parent soporifique.