Samouraïs est une merde.
OK c'est pas sympa, on dira plutôt que Samouraïs est un essai raté, un film ressemblant à la grenouille qui voulait être aussi grosse que le bœuf réalisé par un geek qui croyait être talentueux. Car Giordano Gederlini, auteur d'un court-métrage pas forcément remarqué, n'est pas talentueux, il n'est qu'un cinéphile incapable de resserrer les genres qu'il affectionne. Pourtant, l'idée était bonne : un démon japonais ancestral réincarné en un guerrier renégat voit ses plans contrecarrés par une bande de citoyens français lambda. Vu comme ça, ça a l'air con mais en tant que pure série B d'action, la pilule peut passer avec un grand verre de Coca et du pop corn. Sauf qu'ici, la pilule ressemble plutôt à un suppositoire de la taille d'un godemiché...
C'était prévu depuis le début, Samouraïs vise un public jeune, un public fait d'ados des années 2000 se tuant aux jeux vidéos et aux films d'action asiatiques. Ça, Gederlini l'a bien saisi. Aussi va-t-il métamorphoser son film d'action en une comédie consternante où chaque semblant de sérieux va être englouti sous un déluge de conneries aux allures de torture. Car le but de notre démon nippon, c'est de dominer le monde grâce aux jeux vidéos (pas con le démon !), et ses adversaires protecteurs de la terre sont des jeunes de banlieue bourrés de clichés comportant un bellâtre karatéka (Cyril Mourali, tentant comme il peut de dévoiler ses talents dans un premier film) et son banlieusard de sidekick (Saïd Serrari, énervant de seconde en seconde) qui enchaîne les bourdes pour faire rire un public wesh wesh.
Des dialogues improvisés, un scénario écrit comme un adolescent boutonneux et des clichés par dizaines (les Arabes c'est des trouillards bavards et voleurs, les Français c'est des warriors intrépides, les Blacks c'est des géants rigolos et les Japonais c'est des gars qui font que du kung-fu)... Samouraïs donne du fil à retordre aux Yamakasi de Luc Besson. Les acteurs sont en roue libre constante, y compris le charismatique Yasuaki Kurata (Fist of Legend), échoué dans ce film français minable dont il ressortira avec un joli chèque tout en gardant sa filmographie sauve. Même les excellents combats chorégraphiés par Jacky Yeung (coordinateurs de cascadeurs sur À toute épreuve et Demain ne meurt jamais tout de même) ne sauvent pas le film de la médiocrité qui l'entoure.