Un Chabrol avant l'heure...
Un curiosité que ce film de Maurice Tourneur qui ose dénoncer certains traits et comportements négatifs de ceux qui veulent obtenir ou ont le pouvoir et la puissance. On dirait un Chabrol sans la causiticité, avant l'heure . Il faut se rappeler que le film est tourné en 1936, et qu'il ose dénoncer des pratiques comme: le sacrifice "consentant" des jeunes femmes de l'aristocratie désargentée obligée de se marier avec de puissants parvenus millionnaires, l'hypocrisie qui en résulte et les moeurs "libérés" qui prévalent dans ces milieux, derrière l'apparat de circonstance. A cet égard, la scène d'orgie est assez étonnante et vraiment osée pour un film de 1936 !
Mais ce qui intéresse c'est surtout les personnages et la façon dont les acteurs les incarnent, car au niveau de la mise en scène rien d'exceptionnel. Harry Baur apporte beaucoup d'humanité, d'émotion et de subtilité à un personnage antipathique, qui s'avère surtout être un homme du peuple blessé qui tient sa revanche en affichant sa réussite à une caste qui peine à l'accepter et qui le méprise secrétement. Son amour pour Gaby Morlay, réel, ne fait que renforcer sa fragilité, face à la froideur de cette dernière.
Celle-ci joue bien le mépris qu'elle éprouve autant pour ce "mari" imposé que pour sa propre famille d'aristocrate désargenté. Elle fait très bien sentir qu'au fond elle n'est pas du tout faite pour ce monde d'hypocrite, dont elle partage pourtant l'orgueil, même si parfois l'amour que lui manifeste son mari la trouble...
Les seconds rôles sont également bien campés par Suzy Prim - son désespoir transpire à chacun de ses dialogues - et Gabrielle Dorziat - elle en impose toujours autant en duchesse, marquise et autres riches bourgeoises -. Quant à André Luguet, l'amant éconduit, aux moeurs passablement libertine et au charme vénéneux, il me semble un peu plus fade pour ce type de rôle.
Si j'avais pu le faire j'aurais mis 6;5/10 au lieu de 7,.