Samson & Delilah par Brice B
Les films australiens ne courent pas les rues dans nos cinémas parisiens (à l'exclusion d'Australia, de Baz Luhrmann, mais on évitera ici de parler de ce genre de cinéma...), et il faut se lever de bonne heure pour profiter de films méconnus mais à connaître, tels que cette fable romantico-sociale tout droit venue de la communauté aborigène.
L'Australie vit le même paradoxe que l'Afrique du Sud ; celle d'une nation prospère et développée dans laquelle les inégalités pourtant criantes font parties d'un paysage n'attirant plus le regard, ne posant plus de questions.
Samson et Delilah sont deux adolescents d'une minuscule communauté aborigène perdue dans le désert, vivant entre deux âges, à la limite du bidonville. Samson a 15 ans, vit avec son frère, et occupe ses journées à zoner dans la communauté en sniffant l'essence qu'il conserve religieusement dans une boîte de conserve.
Delilah, une année plus vieille, s'occupe chaque jour de sa grand-mère : le réveil, les traitements, le repas, la visite à l'espace santé, la peinture traditionnelle revendue ensuite en ville, leur permettant de survivre. Quand Nana, la grand-mère, meurt, l'équilibre est rompu. Accusée par les femmes de la communauté de ne pas s'être assez bien occupée d'elle, Delilah trouvera refuge auprès de l'énigmatique Samson qui lui tourne autour depuis un moment déjà.
Après avoir volé la voiture de la communauté, ils s'enfuient et se retrouvent sous un pont à l'entrée d'une ville proche, monde moderne et insouciant qui n'à rien à faire d'eux. Ils découvrent alors que, finalement, la vie au sein de la communauté n'était pas pire que cette vie qui n'a pas de place pour eux.
Rapprochés par cette solitude, les deux adolescents tomberont finalement amoureux l'un de l'autre, jusqu'à ce qu'un drame ne prive Samson de Delilah, le laissant sombrer totalement...
Peu réjouissant et pourtant très fort dans ses messages, Samson & Delilah – True Love, montre ce que le réalisateur Warwick Thornton a toujours connu : les communautés aborigènes à quelques kilomètres des grandes villes et qui "sont pourtant deux mondes différents". Un joli film qui a obtenu la Caméra d'Or lors du dernier Festival de Cannes, et qui ne passera malheureusement que dans de trop rares salles !