Adaptation aux conditions de tournage catastrophiques (changement d'acteur principal trois semaines avant le début de tournage, débarquement en cours de route du réalisateur entrainant un départ de plusieurs acteurs en soutien, réécriture du script, etc.), San Antonio est un naufrage total d'une nullité confondante. Le respect de l'œuvre originelle se réduit à se tartouiller l'air ravi d'une vulgarité hallucinante, et même choquante, tant l'ensemble du cast féminin a un incendie dans la culotte et s'offre sans retenue à tout homme de passage. Passons sur Depardieu dont le rôle de queutard dégueulasse semble écrit sur mesure (et encore, il est moins crado que le vrai Béru), tentons d'oublier Galabru Harkonnen le lubrique (eurk !), évoquons cette séquence hallucinante où Lanvin rencontre une témoin qui, après une petite minute de dialogue, lui prodigue spontanément une fellation (cachée sous un meuble tandis que le mari vient causer à San-Antonio l'impassible, gag digne de Police Academy) puis le remercie pour cette offrande !! Et tout est de cet acabit !
Débarrassé de son argot typique, le commissaire ressemble ici plus à un sous-OSS 117, avec une musique tellement cocotier qu'elle désamorce tout enjeu à l'intrigue (l'enlèvement du Président de la République) et annonce effectivement une conclusion Furia à Bahia. Tous les persos ont l'air de se contreficher de l'histoire, avec un montage aux fraises qui place hors-champs des rebondissements majeurs (l'enlèvement puis le sauvetage de Toinet), fait apparaitre du néant de nouveaux personnages comme si on les connaissait déjà, et finit par totalement perdre le spectateur sur ce qu'il se passe. Fugace moment de grâce, ce bandit qui fait du surf sur une porte dans les escaliers d'un immeuble. Et le plaisir personnel de retrouver Maryam D'Abo après l'avoir vu dans X-Tro la veille. Pour le reste, c'est poubelle, en attendant un article de Jérôme Lachasse sur ce désastre.