Jeu(x) de dupes
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On pourrait essayer de définir le cinéma par une définition pour tenter d'exprimer l'émotion forte qu'il procure. "Le cinéma, c'est du montage" dirait Godard. "Le cinéma, c'est du mouvement" on pourrait dire aussi. Ou bien, "le cinéma c'est du rythme" (vous savez, ce rythme qui s'installe dans la succession des images.) Bref, on pourrait un dire des conneries, pour essayer de définir le cinéma, mais en tout cas, en regardant Sanctuary vient une certitude : pendant 1h34, le cinéma, c'est une actrice. Une actrice qui aspire le cadre, l'entièreté du champ quand elle est à l'écran (on ne voit qu'elle) et sa périphérie quand elle est hors champ (on ne pense qu'à elle). Dans Sanctuary, si on imagine qu'il y a un peu plus de 2000 images qui se succèdent, Qualley propose au moins autant d'expressions sur son visage. Pendant 1h34, elle est tout. Chef d'orchestre d'un huis clos dit "psychoérotique" (comprenez une domination sapiosexuelle entre une dominatrix et son simp) elle donne le tempo, dirige le cadre, le retourne, oriente le champ, contrôle le mouvement. On dirait que le film a peur qu'elle sorte du cadre, la caméra la pourchasse, s'accroche à elle et veut absolument son visage à l'écran. Pour un film qui parle de la portée des mots et de l'importance de l'émetteur, disposer d'une telle comédienne est pas coup de chance en même temps que son pire ennemi : elle annihile toute notion de mise en scène et de scénario, on dirait que ce n'est pas juste l'acteur qui donne la réplique qui s'efface, mais toute l'équipe qui semble tournée vers elle. Dommage que le récit s'efface dans son dernier tiers et que le film n'ait finalement rien d'autre à dire qu'une déclaration d'amour à son actrice. Mais peut-on vraiment lui en vouloir ? Comment ne pas l'aimer à la folie ?
Créée
le 23 juin 2023
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