« les meilleurs sabres restent dans leur fourreau »

Kurosawa met en scène dans Tsubaki Sanjûrô un samouraï aguerri qui va aider 9 jeunes samouraïs sans cervelle à sauver le chambellan du clan kidnappé par leur faute et qui est également l’oncle de l’un d’entre eux.


Le samouraï, interprété magistralement par Toshiro Mifune, se donne pour nom Tsubaki Sanjurô ce qui veut dire camélia trentenaire. Un nom paradoxal. Si le samouraï est associé au combat et à la violence, le camélia est associé à la délicatesse, la fragilité, la poésie. Et c’est justement le cœur de ce chanbara. Cet homme expérimenté, maître en art du combat est aussi un homme sage, flegmatique, qui sait écouter. Il va tenter de l’apprendre à ces 9 jeunes hommes impulsifs, leur répétant inlassablement : « attendez », « réfléchissez », « écoutez ». Ces jeunes garçons appartiennent à l’élite japonaise, Tsubaki Sanjuro, quant à lui, est un rônin méprisé, un samouraï vagabond et sans manière. Dans un premier temps les samouraïs le regardent de haut pour ses manières grossières et se méfient de lui. Et pourtant il les dépasse par sa sagesse. Il n'est peut-être pas capable d’employer le terme respectueux de « dame » quand il parle de l’épouse du chambellan, employant le terme familier de « patronne », mais lui seul est capable de l’écouter véritablement. Alors qu’elle dénonce la violence et appelle à trouver des solutions pacifiques, lui entend cette voix féminine et donc de peu de poids dans la société. Il accueille son message et se laisse changer. Cet accueil du message pacifique de la « dame » est symbolisé par la présence des camélias qui jalonnent le film et apportent une touche poétique à ce chanbara.


Tsubaki Sanjûrô dénonce la violence. Les combats sont peu nombreux, le film est d’abord psychologique. Mais le duel final réglé en deux coups de sabre est spectaculaire, le sang jaillit pour montrer toute la brutalité du combat. Alors que les jeunes garçons qui n’ont toujours rien compris s’extasient, Sanjuro tente une dernière fois de leur faire entendre un autre langage, celui qu’il a appris de la « patronne » qu’il appelle désormais « dame » avec respect : « les meilleurs sabres restent dans leur fourreau ». Et il s’éloigne sur la route, héros solitaire et sans domicile.

abscondita
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs films de 1962, Les meilleurs films avec Toshirô Mifune, Filmographie d'Akira KUROSAWA et Filmographie de Takashi Shimura

Créée

le 15 févr. 2022

Critique lue 135 fois

10 j'aime

9 commentaires

abscondita

Écrit par

Critique lue 135 fois

10
9

D'autres avis sur Sanjuro

Sanjuro
Scopini
10

Critique de Sanjuro par Scopini

Au commencement, il n'y avait rien. Alors Dieu inventa les hommes. Parce qu'il était bon et qu'il voulait que les hommes soit heureux, il inventa le cinéma. Et pour guider les hommes, il donna...

le 11 mars 2011

45 j'aime

1

Sanjuro
Kobayashhi
9

Un bon sabre reste dans son fourreau !

Sanjuro nous apprend plusieurs choses, d'une part, que l'on peut réaliser un film un an après le précédent sans pour autant bâcler une intrigue. Que l'on peut aussi réutiliser le même personnage...

le 29 août 2013

42 j'aime

2

Sanjuro
Docteur_Jivago
8

A Poor Lonesome Samouraï

Comme Yojimbo, Sanjuro est centré sur ce même personnage, à savoir un samouraï sans maître, ni foi, ni loi, préférant ruser plutôt que d'utiliser son sabre et il est ici question de corruption au...

le 16 mars 2017

27 j'aime

3

Du même critique

La Leçon de piano
abscondita
3

Histoire d'un chantage sexuel ...

J’ai du mal à comprendre comment ce film peut être si bien noté et a pu recevoir autant de récompenses ! C’est assez rare, mais dans ce cas précis je me trouve décalée par rapport à la majorité...

le 12 janv. 2021

63 j'aime

22

Le Comte de Monte-Cristo
abscondita
9

"Je suis le bras armé de la sourde et aveugle fatalité"

Le Comte de Monte Cristo est une histoire intemporelle et universelle qui traverse les âges sans rien perdre de sa force. Cette histoire d’Alexandre Dumas a déjà été portée plusieurs fois à l'écran...

le 30 juin 2024

51 j'aime

14

Le Dictateur
abscondita
10

Critique de Le Dictateur par abscondita

Chaplin a été très vite conscient du danger représenté par Hitler et l’idéologie nazie. Il a été l’un des premiers à tirer la sonnette d’alarme. Il commence à travailler sur le film dès 1937. Durant...

le 23 avr. 2022

33 j'aime

22